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Billet de blog 14 février 2022

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Nadir Sakhri alerte l'opinion publique sur la fermeture d'un lieu culturel en Kabylie

Nadir Sakhri est un écrivain qui témoigne. Il alerte l'opinion publique et les autorités algériennes concernant la fermeture d'une bibliothèque. Il adresse les raisons pour lesquelles des villages entiers seront privés de livres et de rencontres.

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"Café littéraire Tamusni At Cbana

Hier, à 07:41  ·

Éclaircissement à l'opinion publique !
Le café littéraire « Tamusni » d It Cbana a été fondé au milieu de l’année 2018. Il est de notre devoir de rendre hommage à toutes celles et à tous ceux qui ont défriché le terrain et ouvert la voie pour nous, malgré les difficultés et les embûches qui se sont dressées. Le café littéraire marque en ce mois de janvier 2022 son vingt-et-unième numéro ce, après quatre ans d’exercice. Une pléthore de figures littéraires et intellectuelles ont animé des conférences et ont contribué à la vie culturelle de notre région, dont Rachid Oulebsir, Noureddine Bekkis, Redouane Boudjemaa, Mellah Abdelhak, Said Djabelkhir, Djamel Laceb, Djamel Mechehed, Walid Sahli, Djamel Bettache, etc.
Outre les activités courantes, il a été question de l’enregistrement d’une émission culturelle sur l’art culinaire traditionnel par le journaliste Djamel Laceb, qui nous a accordé un honneur d’une valeur inestimable. Une autre émission a été enregistrée par notre honorable invité, Kamel Oukara. Les deux émissions ont été diffusées sur les ondes de la radio chaine deux. Le café littéraire « Tamusni » menait ses activités avec le soutien du mouvement associatif local en relation avec l’APC, dont principalement l’association « Assirem ».

En août 2021, le café littéraire a réussi à se doter d'un statut autonome en se convertissant en association portant le nom « L’association des amis de la bibliothèque « Tamusni », conformément à la réglementation de la loi 12/6 en date du 18 Safar 1433 correspondant au 12/1/2012 relatif aux associations.
L’association mène ses activités, constituée de dix membres, dont deux femmes, avec des aides modestes d'adhérents et de sympathisants, que nous remercions au passage.
Nos activités sont multiples : des rencontres avec des écrivains, une bibliothèque municipale où un bureau d’une modeste superficie (10m2) accordée par décision de l’ancienne assemblée populaire (APC).
Inaugurée en 2015 par le Wali de Sétif, le lieu est restée non opérationnelle jusqu’à 2018. Ce n’est qu’après la précieuse et néanmoins modeste contribution des animateurs culturels et des membres de l’APC que cette structure (la bibliothèque) a pu se transformer, par son aménagement et dotation en moyens utiles, en espace culturel garantissant aux écoliers, collégiens et lycéens de réaliser leur travaux et à faire leurs révisions. Des enseignants volontaires y donnaient des cours de soutien.

La vie culturelle paraissait être à son aube. Des espaces (bureaux) ont accordés aux associations telles que les amis du malade, l’académie sportive d It Cbana « Assaru », les amis de la bibliothèque « Tamusni » ; et toute la population s’attendait à ce que la bibliothèque s’enrichisse davantage en la lotissant d’une salle internet qui permettrait à nos élèves et universitaires de s’épanouir et d’accéder au savoir. Nous nous attendions que des programmes culturels soient conçus pour couvrir toute l’année.

Hélas, l’espoir s’estompe au seuil d’une déception étrange. Le nouvel P/APC se montre hostile au travail culturel qui se mène et qui pourtant profite tout aussi à la population qu’au savoir sous toutes ses formes.
Le P/APC issu du vote de novembre 2021 mène une offensive contre le mouvement associatif et contre la société civile qu’il prend pour adversaires et non comme des promoteurs de la culture et du savoir profitant à toute la société. Il veut mettre fin au travail associatif et replonger la société dans la léthargie : il a osé chasser toutes les associations actives de la commune en changeant les serrures du portail et celles des salles qui abritent les activités.
Il est de notre responsabilité d'empêcher la fermeture de cet espace de connaissance.  Si cette fermeture est temporaire et vise à améliorer le travail associatif et d’optimiser le rythme de l’activité socioculturelle de la bibliothèque, c'est à saluer et à encourager.

Hélas, cela n’est pas le cas, puisque le nouveau P/APC, d’après ce que nous avons compris de la rencontre qu’il a eu avec le mouvement associatif et en présence de la cheffe de Daïra (Beni Ourtilane) tenue le 6 février 2022 à Beni Ourtilane (le siège de la Daïra). Nous avons perçu de l’adversité plutôt que de l’esprit coopératif qui devrait inspirer un climat de dialogue aboutissant à la démocratie participative pourtant prônée par le premier texte du peuple, à savoir la constitution.
Nous nous interrogeons sur les liens qui devraient exister entre le P/APC et le mouvement associatif et la société civile.
Nous nous interrogeons, en notre qualité d'animateurs socioculturels, davantage sur le rôle de la bibliothèque dans la société.
C’est au moment où tous les peuples s’affairent pour accéder au savoir et pour contribuer au progrès que nous constatons chez le P/APC une méfiance et une suspicion vis-à-vis du travail que nous menons contre l’ignorance et contre la régression. Malgré tous les efforts consentis par l’Etat pour le renforcement de l’activité culturelle par l’octroi d’enveloppes budgétaires au profit des organismes et institutions culturels, nous pensons que l’espoir de voir la culture du débat et du dialogue s’instaurer n'est pas pour demain.


La bibliothèque est un espace dédié au savoir qui réunit toutes les franges de la société. C’est un lieu de communion où tout un chacun peut rencontrer l’Autre et ce, malgré les différences qui existent. Des activités ludiques des plus primaires aux travaux universitaires les plus profonds, la bibliothèque devrait s’y montrer attachée. C’est à la bibliothèque où on sème le savoir pour récolter l’amitié, le respect, l’altruisme, la convivialité et l’affabilité. La bibliothèque est un espace qui permet la circulation des idées et la coexistence des sensibilités humaines.

Hélas, nous ressentons que le choix des responsables sont loin de répondre à de tels soucis et idéaux : il s’agit d’une dénégation de tout ce qui est culture, savoirs, idées et qualités socio-humaines. Alors que des volontaires se mobilisent par toutes sortes de moyens et d’efforts pour le succès des événements programmés, les responsables nous surprennent par une telle décision. Et cela n’honore personne.

La bibliothèque communale fera, à coup sûr, naufrage et le rêve de l’éveil culturel avec.
Nous interpelons les autorités wilayales et nationales pour nous rétablir dans nos droits et pour mettre un terme à de telles pratiques obscurantistes. Nous souhaitons que notre voix soit entendue et que les aspirations populaires attirent l’attention des pouvoirs publics, pour redonner à la culture toutes ses lettres de noblesse".

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