Le prophète étant nul en son pays, Zénon comprit très tôt qu’il n’avait aucun intérêt à rester chez lui, et l’idée de s’expatrier commença dès lors à germer dans son esprit. Sournoise et obsédante.
Zénon vint au monde dans une embarcation de fortune, et il est fort probable qu’il passât les premières années de sa vie en situation irrégulière.
L’auteur de ces premières phrases tirées d’une œuvre autobiographique est né en 1982. Bachir Zied est un romancier tunisien talentueux.
Zénon a vingt ans lorsqu’il entre au consulat français pour quitter le sourire de sa mère et un régime policier répressif qui dresse lesTunoches les uns contre les autres au nom de la dictature laïque.
En l’an 1427, visa en poche, Zénon débarque à Trouille sur Noise, dans un foyer d’immigrés, où il fait la rencontre de Thierry, le fouilleur de poubelle. Il s’inscrit à la fac car il a l’intention de devenir un célèbre écrivain. Mais les cours l’ennuient. Il entend des voix rouillées et contemple des étudiants greffiers. Il ne veut pas terminer crieur. Il rencontre la rue, des dealers d’héroïne. Sa drogue à lui est la littérature.
Un livre drôle et sensible.
Bachir Zied, On n’est jamais que chez les autres, Encre d’Orient, 2012.