Huit artistes tunisiens, associés à une organisation autonome dénommée Politiques présentent eux-mêmes leur exposition à Paris. Le collectif Politiques, né en pleine ébullition révolutionnaire, soucieux de l’ensemble des actions et des institutions sociales ayant pour but des objectifs communs était tous là. Wissem me présenta à ses amis. Si un pouvoir totalitaire semble avoir été renversé, les institutions nouvelles de substitution auront quelques inquiétudes à se faire tant l’énergie de ces jeunes artistes contient une véritable soif de liberté.
On sait que les hommes de pouvoir se sont toujours méfiés des œuvres trop subversives. Je parle évidemment de celles qui peuvent menacer les éminents systèmes corrompus et les régimes dictatoriaux, c’est-à-dire des œuvres d’art, et en ce sens l’art et la politique sont ici indissociablement liés.
L’autodafé du 10 mai, dans un contexte nazi, en est un exemple. L’expressionnisme avait, à cette époque là, un sens hautement politique.
Pour créer, il faut une nécessité sinon il n’y a rien, au minimum une technique qui permet seulement de réaliser de belles formes, de beaux objets de décoration.
L’affinité profonde entre la lutte politique et les œuvres d’art de ces jeunes artistes me parle intimement. Il est pour ma part certain que l’acte du créateur et l’acte du résistant ont un lien très fort. La notion d’artiste désengagé m’a toujours semblé tout simplement être un non-sens. Un créateur, « ne se dit pas un matin : « tiens ! Je vais faire un tableau ou une sculpture comme ça ! Il faut qu’il y ait une nécessité. Le créateur ne fait que ce dont il a absolument besoin sinon il n’y a rien du tout », dit Deleuze.
Dans le contexte tunisien, la visée de « Politiques » est clairement engagée : résister contre ceux qui souhaiteraient récupérer la révolution tunisienne à des fins d’ordre privé.
Aujourd’hui, des artistes reprennent le combat des expressionnistes, en faisant acte de résistance. Il y a bien, dans cette manifestation collective, dans cette prise de position, un engagement qui contient une part de rêve et de liberté à laquelle je m’associe entièrement.
L’exposition Politiques fut la première fois montée sans budget dans un haut lieu de corruption au cœur de Tunis. Du 20 mars (date du 57ème anniversaire de l’indépendance de la Tunisie) au 20 avril 2013, la galerie Talmart présente leurs œuvres en toute modestie.
Galerie Talmart -22, rue du Cloître St Merri, 75004 Paris