Aux Editions l’Harmattan, le poète Abder Zegout installe Fulgurance, son dernier recueil, au rang des grands poèmes du monde. Il dénonce l’horrible inhumanité du pouvoir algérien qui a conduit plusieurs générations d’algériens dans l’errance ou la folie. Nulle fatalité dans leur conduite perverse, mais des motifs narcissiques, maladifs. Il dénonce l’éternel retour de l’anomie. Il témoigne avec une très haute sensibilité, la reproduction d’êtres malheureux et déréglés que les institutions déviantes algériennes engendrent. Que peut-il faire, lui, le poète ? Attaché à ses racines kabyles, son écriture est faite de larmes, de colère mais aussi d’amour.
L’émotion passe comme un silence impuissant. Que faire pour apaiser le cœur de ce poète errant de lieux publics en restaurants, en compagnie d’une compulsion irrépressible ? Il nous alerte, il nous embarrasse comme le philosophe se doit de l’être, comme ceux qui mettent dans l’embarras, comme ceux qui réveillent les consciences endormies des crimes impunis. Abder Zegout est de ceux-là.
Je suis certaine qu’il n’est de chemin, de « poros » qu’à travers une insistance lente qui peut-être douloureuse et qui peut aussi nous rendre vulnérable à l’indifférence des gens mais il me semble que la persévérance à faire entendre des injustices réelles en paroles poétiques est la seule voie royale, la seule persévérance de réussite.
Fulgurance de Abder Zegout, Poèmes, L’Harmattan, 2009.