J'ai d'abord souri à la découverte de cet appel de Une du Monde.fr de ce matin. Évidemment, mon premier réflexe a été d'interpréter ce télescopage comme suggérant un lien subliminal de causalité : l'allocution de Hollande provoquerait des gueules de bois que Le Monde nous aiderait à soigner par l'intermédiaire de trois médecins particulièrement prévenants. Cette lecture-réflexe peu amène à l'égard de notre Président de la République est quand même bien ajustée à l'air du temps et obtiendrait sans doute l'approbation du plus grand nombre.
Dans un deuxième mouvement, j'ai imaginé De Gaulle, Giscard ou Mitterand à la place de François Hollande et je me suis rendu compte que c'était impensable. Pas dans le Monde. Hara-Kiri ou Charlie, mais pas le quotidien de révérence. Du coup, évidemment, considérations sur le déclin de l'institution, de l'autorité présidentielle, la fin des grands hommes, etc. Toujours l'air du temps quoi, mais dans son versant ou plutôt sa pente décliniste. Me voilà en compagnie de Zemmour et Finkielkraut pour débuter l'année. Malheur, suicide : 2015 se présente sous les meilleurs hospices.
Puis j'ai pensé que si les grands hommes ne pouvaient pas voisiner avec des photos ou articles aussi triviaux dans le grand quotidien du soir, c'était sans doute parce que les gueules de bois et autres vomissements consécutifs au jour de l'an ou de la Saint-Patrick n'avaient pas encore les honneurs d'un traitement dans le journal dont le fondateur appelait ses journalistes à faire chiant. Un tel sujet en appel de Une laisse présager l'intégration imminente de Frédéric Beigbeder, actuel directeur de la rédaction de Lui, à la tête de la rubrique Société du journal.
Mais le temps de rédiger ce billet, très long car j'ai quand même la gueule de bois, la page d'accueil du site a été ré-éditée et l'article en question a été remisé dans les profondeurs du site. Peut-être une simple erreur d'un stagiaire à qui l'on aurait confié les clés du site en ce jour difficile pour tous ? Du coup, considérations sur les intellos précaires, la crise du journalisme, etc.
Quoi qu'il en soit, Finkielkraut et Zemmour ont finalement bien raison car Le Monde n'est vraiment plus ce qu'il était.
L'article en question : http://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2015/01/01/lendemains-de-fete-comment-soigner-sa-gueule-de-bois_4548286_4500055.html (je vous conseille sa lecture en mode zen...)