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Soit une société méritocratique où les places et les fonctions ne dépendent ni de la naissance ni du hasard mais du mérite mesuré par les performances essentiellement scolaires. Dans cette même société, en l'espace de 30 ans, le discours sur les discriminations s'est largement substitué à l'utopie égalitaire. Il ne s'agit donc plus de produire une société de semblables mais de doter chacun des mêmes chances d'obtenir sa place au soleil. La justice sociale est pensée sur le modèle de la compétition sportive où lorsque les chances sont égales le résultats est réputé juste. Alors que se définir comme inégal visait à obtenir une place similaire à celle des autres et n'impliquait pas une concurrence avec eux, se définir comme discriminé nécessite de faire la démonstration que l'on est plus discriminé que l'autre pour obtenir les discriminations positives permettant d'accéder à une réelle égalité des chances. On trouve là une explication plausible de la concurrence des victimes et de la revendication de statistiques de la diversité.
Le rapport avec Dieudonné ? Qu'il soit antisémite ou simplement hystériquement dadaïste ou les deux, on peut comprendre (je n'ai pas écrit partager) sa fixation sur les juifs ainsi que son succès chez des enfants de migrants et le développement d'un discours antisémite chez ces derniers car les juifs en tant que victimes du crime absolu et ayant donc le statut de victimes absolues feraient obstacle à la reconnaissance de leur propre statut de victime.
C'est donc l'utopie méritocratique, le rêve d'une société libérale et démocratique où chacun a ce qu'il mérite qui génèrerait ces conflits identitaires ! Comment en sortir ? François Dubet qui est l'auteur de cette analyse propose des pistes à la fin de cette conférence de 40 mn :
http://www.youtube.com/watch?v=xo708E98G9s
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