Pour,si c'est possible, échanger sur une question qui me semble importante, je reprends, dans ce billet, un point de vue exprimé en commentaire du billet de Michel Koutuzi "De défaites en défaites jusquà la victoire finale"
30/08/2012, 15:44 par Faunus
Je partage une partie de votre analyse... mais pas son fondement. Vous écrivez: "Ce que les citoyens identifient à tort comme une injustice et une trahison de leur propre volonté serait en fait la conséquence d’une lutte qui n’oppose plus le monde du travail et celui du capital". Parce que je pense, et j'espère ne pas être le seul, que nous sommes toujours, mais à un nouveau stade, dans la lutte entre le capital et le travail, je souhaite m'attarder sur cette différence d'approche qui, je crois, permet de comprendre les raisons pour lesquelles la gauche marche à cloche pied. La Gauche postmoderne, disons tendance Terra Nova/ Michel Feher pour lui donner un contour, a dit Adieu à la classe ouvrière (1) et abandonne le rural-propriétaire-épargnant (voir vidéo n°1 de Michel Feher (2)) à son sort de petit blanc, victime/coupable, condamné à devenir une proie facile pour le Front National et place son combat sur le terrain sociétal - c'est cette gauche là qui conduit la lutte pour le mariage gay, la théorie "du genre" …etc.; la droite ,elle, en ces domaines, traîne un peu les pieds mais suit parce qu'elle se veut libérale - Bien sûr, cette gauche, parce que de gauche, est virulente dans ses discours contre la dictature des marchés financiers mais, libre échangiste en matière de circulation des hommes et des idées, elle ne peut pas s’afficher antimondialiste en matière économique. Heureusement Michel Ferrer est la pour lui fournir une échappatoire: il lui faudrait accepter la compétition sur le terrain de l'adversaire... mais pour devenir plus compétitif que lui sur des projets remettant en cause - à terme indéterminé quand même ! - sa domination idéologique. De son côté la gauche "archaïque", elle, doit aussi faire un grand écart: génétiquement anti-capitaliste elle ne veut pas abandonner son socle historique le prolétariat d'hier, devenu "le petit blanc" d'aujourd'hui mais comme elle est tout aussi historiquement internationaliste il lui faut assumer un libre échangisme migratoire bien difficile à défendre auprès de cet électorat décimé par la violence de l'agression capitaliste dont il fait l'objet depuis le milieu des années 70. En conséquence de quoi aucune de ces deux gauches n'arrive - et n'arrivera probablement - à assumer son leadership culturelle sur le peuple (entendu au sens Orwelien du terme). D'une part parce que la décence du petit salariat, qui n'est que moderne, s'accommode encore difficilement du postmodernisme de la première et que les déclassés votent peu; d'autre part, parce que le libre échangisme migratoire de la seconde est difficilement acceptable par son électorat traditionnel. Tout compte fait donc , en l’absence d’une avancée idéologique réellement novatrice, il me semble assez cohérent que le peuple de gauche, dans sa diversité, s’en soit remis à François Hollande et au P.S. dans l’espoir qu’ils seront en mesure de faire la synthèse de ces deux gauches…