Situation inhabituelle, le président français, Emmanuel Macron, a inauguré son périple en Afrique centrale du 1er au 4 Mars, par un discours solennel au palais de l'Elysée où plusieurs personnalités, d'origines et de profils divers, étaient invités, pour annoncer et expliquer magistralement la fin de la Françafrique !
Sans doute il serait hasardeux, voire maladroit de procéder à un procès prématuré de l'annonce ou ré-affirmation solennelle par le président Emmanuel Macron de sa politique africaine, tout juste à l'avant-veille de son périple en Afrique centrale. Cette sous-région du continent africain dont les qualificatifs négatifs sont plutôt foisonnants, car illustrant et résumant à elle seule toutes les grandes endémies que traîne ce vaste continent depuis les indépendances, tout en étant la plus gâtée par la nature : si, en effet et à titre indicatif, l'Afrique centrale c'est l'hôte du fameux Bassin du Congo, deuxième poumon du monde après l'Amazonie plutôt décadente, elle est aussi, en raison de l'importance et de la puissance de ses ressources minières de toutes sortes, un véritable scandale géologique de richesses. Paradoxalement, elle reste aussi 'le ventre mou du continent', entretenant une misère endémique de la majorité de la population, un pillage massif et décomplexé de ses ressources, une corruption agressive chronique, 'le temple des dictateurs' où les pouvoirs en place se disputent la longévité, quatre seulement d'entre eux réunissant pas moins de cent-cinquante ans au pouvoir.
Il reste que, au-delà de la réserve que l'on pourrait s'imposer contre toute critique anticipée de la décision du président Macron de s'y aventurer et de se compromettre en quelque sorte, ses explications et proclamations, résumées principalement par "la fin du pré-carré français" et/ou la "signature de l'acte de décès de la Françafrique", ne sont pas nouvelles, et constituent au contraire une constante d'au moins deux, sinon quatre de ses prédécesseurs, sans jamais que la pratique ne valide les belles promesses. Partant, le doute reste permis, d'autant plus que le premier mandat d'exercice du pouvoir avec lesdites proclamations dès le départ, ne manquent pas de donner des indications loin d'être banales !
La théorie du 'deuxième mandat marqueur de l'histoire', du fait que c'est le dernier du président et lui laisse un peu plus de liberté, permettra t-elle à Emmanuel Macron de sortir ou d'éviter les incohérences et inconséquences déjà visibles sous son premier mandat, et qui expliquent dans une certaine mesure ce que certains appellent, non sans exagération, 'le sentiment anti-français en Afrique' ?
Fallait-il s'y attendre ? Jeune, très et plus jeune président de la République de la vieille France depuis le siècle dernier, à propos des relations franco-africaines, Emmanuel Macron avait tenu, dès le départ de l'exercice, à souligner, pour se distinguer de ses prédécesseurs, que "je suis né après la période coloniale" . Et, très vite, pour donner du sens à cette affirmation, il initiera un certain nombre de démarches dont le voyage de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso en novembre 2018, la mise en place d'un Conseil Présidentiel Africain, et l'invitation à l'Élysée, en juillet 2019, à l'occasion de la réception du président du Ghana, de quatre-cents personnalités issues de la diaspora africaine en France, pour un échange, un débat sur les relations franco-africaines qui prolongerait la Conférence de presse avec son homologue ghanéen. Le couronnement, un peu plus tard, sera le très controversé, et pas tout à fait à raison, du 'Sommet Afrique-France' d'octobre 2020, avec la société civile africaine.
De quoi susciter plusieurs interrogations pour qui connait la ténacité des pratiques de ces relations. À l'occasion de l'invitation à l'Élysée de juillet 2019, et entre autres, nous avions nous mêmes improvisé une courte et rapide réflexion en ligne ("Ce que je demanderais à Macron le 11 juillet", in Dac-presse, 10 juillet 2019), l'information de cette rencontre n'ayant été publiée au grand public que quelques 48 h avant qu'elle n'ait lieu.
Au regard de tout ce qui précède, il ne manque pas du monde, des Africains essentiellement, pour s'interroger, quoique déjà habitués à ces proclamations frénétiques, chaque fois suivies par des rétropédalages.
Nous avons essayé d'y répondre, y compris à d'autres interrogations importantes qui y sont liées, à l'occasion de cette interview où, on conclura, en définitive, d'UN PÉRIPLE ANACHRONIQUE, avec DES CONSÉQUENCES À COURT ET LONG TERME LOURDES, dont on a bien du mal à percevoir la philosophie et les retombées positives. Mais, nous ne sommes pas dans le secret des dieux...