Cher François, tu ne l’as pas encore reconnu, ou même simplement accepté, mais je sais que tu vas bientôt nous quitter pour goûter une retraite bien méritée dans ta Sarthe chérie. Bien entendu, je sais que tu sais, et je sais que tu sais que nous savons. Personne, y compris dans ton propre camp ne doute plus que tu n’as aucune chance de gagner cette élection présidentielle. Et si d’aventure tu te risquais à y concourir, tu n’y gagnerais que l’humiliation suprême de te faire sortir au premier tour par un autre renégat anti système qui ne sors jamais sans sa maman.
Alors avant que tu ne t’en ailles dans le soleil couchant de l’ouest Sarthois, laisse-moi te remercier pour ce moment de franche rigolade. Depuis ton ancien patron qui ne cessait de sautiller partout en en remuant des épaules et en répétant « J’ai changé » à tout bout de champ, je n’avais pas ri de si bon cœur. C’est bien simple, j’ai le sourire aux lèvres depuis que le palmipède nous a cancané ses révélations sur les émoluments de ta pénélope de femme. Et il faut reconnaître qu’il est assez rare de choper un jésuite, que seule la flagellation testiculaire peut dérider, en train de piquer dans les caisses de l’état, tout en allumant partout en France des buchers austéritaires contre les assistés et les fainéants qui vivent aux crochets des forces productives du pays.
Et il est vrai que je ne faisais pas le fier quand, au lendemain des primaires, je t’ai vu débarquer sur ma télé avec tes moustaches sur les yeux, pour nous annoncer le purgatoire économique. Avec tes airs de corbeau dépressif, et ta probité en bandoulière, je me suis dit qu’on allait manger cher. Mais j’ignorais que, pendant ce temps, tu te gaverais comme une pucelle du couvent des oiseaux débarquant par erreur dans un relai de camionneur polonais travaillant soixante-dix huit heures par jour, pour un salaire indécent à peine supérieur au smic. Et là, oui, j’avoue, j’ai ri. Ri à gorge déployée, à en pisser dans ma culotte, à m’en faire péter mes stents de vieux gaucho nourri au poulet de batterie, à m’en extraire le dentier non remboursé par la sécu ! Tu te voulais Torquemada tu finis Mister Bean !
Alors je sais que cela ne nous protègera pas des cons et que le bibelot de chez Rotschild nous attend au tournant, mais comme avec ce monde qui part en vrac j’ai vraiment besoin de rire, je te remercie du fond du cœur pour ce moment de détente et de poilade hors norme.
Bien à toi