Dimanche prochain Mélenchon briguera l’Elysée pour la dernière fois. Mais ce qui est une dernière chance pour lui peut aussi en être une pour tout le peuple de gauche, voire tous les Français. En effet, alors que nous assistons à la subite et dramatique convergences de toutes les crises qui couvaient depuis des décennies (Pollution, dérèglement climatique, conflits autour de l’épuisement des ressources, extinction du vivant…), il est extrêmement probable que les prochaines années nous apportent des bouleversement d’une intensité encore jamais connues dans l’Histoire, et que les choix qui seront faits dès le début du prochain quinquennat détermineront profondément et pleinement le visage de notre société pour les décennies à venir. Et ce n’est pas qu’un truisme. En période de tempête la manœuvrabilité d’un navire devient plus lente et difficile. Souvent, et à raison, le capitaine et l’équipage préfèrent alors maintenir le même cap. Mais encore faut-il que le cap choisi soit le bon et que le capitaine ne soit pas névrosé comme Humphrey Bogart dans Ouragan sur le Caine.
En outre, la période qui s’ouvre menace d’être tellement instable qu’elle constituera un excellent tremplin pour toutes les tendances autoritaires, voire autocratiques de celles et ceux qui seront amenés à occuper le pouvoir. Or de ce côté-là, l’actuel président de la République a fait montre d’une capacité d’adaptation pour le moins étonnante. Qu’il s’agisse de la gestion de son propre mouvement politique, de son exercice du pouvoir solitaire et secret en s’appuyant sur un conseil de défense et non sur le parlement, de son comportement vis-à-vis des résultats de la commission citoyenne, de sa « gestion » pour le moins « tape à l’œil » de la crise des gilets jaune (et j’arrête là car ce serait trop long de tout énumérer), Macron nous a mainte fois fait la démonstration de sa disposition à s’asseoir magistralement sur la démocratie et de flirter très dangereusement (voire plus) avec les lignes rouges de l’autocratisme. Etant donné ce que cet homme a donné à voir de sa facilité à ignorer certaines règles démocratiques au cours d’un quinquennat qu’on pourrait pourtant qualifier de normal malgré le Covid, on peut sans peine envisager son comportement dans un contexte international extrêmement tendu par cette fameuse convergence de crises citée précédemment. Et c’est plutôt effrayant.
A l’inverse, Jean-Luc Mélenchon, que les médias de milliardaires se complaisent à dépeindre comme un quasi-dictateur sur l’unique base de ses coups de colère – comme si la colère suffisait à définir un comportement dictatorial ! -, Mélenchon, lui, en appelle à une constituante qui laisserait le peuple décider de la refonte de ses règles de vie et de fonctionnement. Avouons que comme dictateur on a vu plus virulent.
Tout cela pour dire que, si on laisse le pouvoir à Macron cinq ans de plus il n’est pas certain que ce dernier nous le rende un jour. Il n’est pas question ici de prétendre que ce triste sire pourrait devenir dictateur. Mais, à la faveur des crises qui s’annoncent, cet homme va si profondément violenter notre pays (comme il a commencé à le faire), et si fortement en changer les équilibres internes, institutionnels et politiques qu’il deviendra de facto impossible d’en reprendre le contrôle sauf par la force et la violence, ce que personne ne souhaite.
Il est donc vain de croire que la prochaine élection sera une élection comme les autres. Au vu des événements qui s’annoncent, c’est sans doute la dernière d’une période qui prend fin actuellement, et ceux qui, comme Roussel, Hidalgo ou Jadot, essaient de se positionner pour les élections suivantes n’ont pas compris que le jeu leur sera peut-être fermé pour n’être désormais réservé qu’à un cercle de la raison dont l'épicentre se situera quelque part entre la droite et l’extrême droite. Aussi le moment est-il venu de tenter une ultime fois de mettre le pied dans la porte pour éviter qu’elle se referme pour très longtemps. En quelque sorte c’est la dernière sortie avant le péage. Au-delà le prix à payer risque d'être exorbitant.