A la suite des résultats du premier tour de l’élection présidentielle j’ai pu constater une recrudescence d’appels à voter LePen émanant de gens de gauche ulcérés par la défaite in extremis de Mélenchon, et le maintien au second tour des deux candidats de droite.
Je dois avouer que je comprends cette réaction. Mais je désapprouve.
Je comprends la colère, la rage et le désespoir. A l’heure où le monde bascule dans l’inconnu, alors qu’il ne nous reste plus que trois petites années pour « sauver » la planète et que les menaces de guerre se font plus pressantes, il est insupportable de voir reconduit à l’Elysée un homme irresponsable qui, debout sur l’accélérateur, nous entraîne à toute allure dans la direction opposée à celle d’un éventuel salut. Je comprends aussi l’indignation de voir le destin d’une nation entière soumise aux délires néolibéraux rétrogrades d’un seul et unique homme qui a fait main basse sur la plupart des pouvoirs.
J’entends aussi l’argument du vote kamikaze, qui prétend qu’en votant RN on stoppe la course à l’abîme de Macron et qu’ensuite il sera toujours temps de circonvenir Marine Le Pen. Et le calcul se tient…. Ou pas.
D’une part il n’y a aucune certitude que le remède ne soit pas pire que le mal. En 1933 la bourgeoisie a choisi Hitler en pensant que le petit caporal pourrait être contrôlé. On a vu qu’il n’en fut rien.
D’autre part il ne peut y avoir aucune dignité à choisir le moindre mal quand il s’agit de politique. D’une part il est difficile de savoir qui de Le Pen ou de Macron présente la plus grande dangerosité immédiate, ensuite choisir le moindre mal, c’est toujours choisir le mal (Hannah Arendt). En tant que citoyens de gauche, progressistes et humanistes nous ne pouvons nous y résoudre.
Donc que celles et ceux qui en ont le courage votent Macron au second tour, pour les autres (dont moi) choisissez d’aller à la pêche. Mais comme le dit Mélenchon. Pas une voix pour Le Pen.