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Billet de blog 26 septembre 2022

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Poutine panique-t-il ?

Partout dans la presse française s’échangent les mêmes propos jubilatoires au sujet de Poutine. Il serait « désespéré », «En panique », « Perdu ».

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors revoyons un peu les choses. Poutine a attaqué l’Ukraine non pas gratuitement, ni parce qu’il « déteste nos valeurs » comme l’affirment de trop nombreux journalistes et commentateurs de presse, mais pour des raisons politiques, géostratégiques, économiques et culturelles. Ces raisons qui nous paraissent injustifiées, à nous occidentaux (et qui le sont puisque aucune cause jamais ne mérite une guerre), sont en revanche très rationnelles par rapport à son système de valeurs Russe.

Persuadé que le gouvernement ukrainien s’effondrerait en quelques jours, Poutine a attaqué à un contre trois, et il s’est pris le revers magistral que l’on sait. Toutefois, au-delà des péroraisons et coups de mentons du commentariat professionnel, il s’avère que, malgré ce revers et cette humiliation, la réalité assez froide est que l’Ukraine seule, et malgré sa résistance héroïque, n’aurait vraisemblablement pas pu tenir plus d’un mois ou deux face à l’armée russe, et ce n’est que grâce au soutien ultra massif de tous les pays occidentaux, que Kiev a pu inverser la tendance.

Maintenant qu’en est-il de cette situation ? Habitué à voir l’occident mener des guerres illégales et bafouer le droit international de par le monde depuis trente ans (en réalité plus, mais fixons-nous comme horizon la chute de l’union soviétique), Poutine s’est cru autorisé à faire de même et à régler par le fer et le feu un contentieux qui l’opposait à son voisin.

Mais, eu égard à ce passé ultraviolent et non assumé, loin de faire profil bas et privilégier les pourparlers et la diplomatie, l’occident est littéralement entré dans le conflit contre la Russie. Et même, si c’est une guerre indirecte entre nos pays et la Russie, c’est une guerre quand même dans laquelle la Russie est seule face à une coalition de pays qui a officiellement promis de « la mettre à genoux »

Dès lors, d’un conflit local on est passé à un conflit global existentiel pour Poutine en particulier et pour la Russie en général. Donc je ne sais pas si Poutine « panique » et est « désespéré ». Ce que je constate simplement c’est qu’il adapte de façon extrêmement logique et rationnelle sa stratégie et ses ressources. Quel militaire ou stratège digne de ce nom s’attendait à ce qu’une puissance en guerre ne réagisse pas à la montée en puissance de ses ennemis. Quel politique digne de ce nom s’attendait à ce qu’un chef de guerre accepte de perdre plus de 50 000 hommes (alors qu’il en a des millions en réserve) et rentrer chez lui sans la moindre petite victoire ?

Alors « panique » ou pas ? Difficile à dire, mais une chose est absolument certaine : c’est que si Poutine panique réellement, alors nous ne devrions surtout pas nous en réjouir ou nous en satisfaire.

A toutes fins utiles, je rappelle qu’il a eu cette phrase terrible « un monde sans la Russie ne m’intéresse pas ».

Peut-être que Poutine perdra cette guerre. Mais il y très fort à parier que s’il la perd nous la perdons tous.

Il est temps de sortir de l’ère du pathos, de l’émotion facile et des fantasmes hollywoodiens. Il est temps d’arrêter de rire et de rouler des mécaniques.

Il est temps de rappeler les diplomates et de recommencer à parler entre adultes.

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