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Billet de blog 28 septembre 2009

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Frédéric Mitterand, Roman Polanski et la justice

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Frédéric Mitterand est l’exemple absolu de ce genre de type dont je me fous éperdument et dont je ne pense globalement rien de positif, ni de négatif. Pendant longtemps il n’a été pour, moi, que cet ectoplasme en noir et blanc que je croisais au cours de mes errances télévisuelles, et dont le talent narratif semblait être à la hauteur de l’indifférence que m’évoquaient les destins qu’il retraçait.

Du moins cela était-il vrai jusqu’à un passé récent.

Le « neveu de… » est sorti de mon indifférence abyssale lorsque, pendant la campagne présidentielle, l’homme du bottin mondain nous a révélé sa sympathie pour le sarkozysme triomphant. Eu égard au respect et a l’estime que je porte au VRP élyséen, ce coming out ne pouvait, pour le coup, me laisser indifférent. Indifférence qui vola d’ailleurs définitivement en éclat lors de son intronisation en tant que ministre de la culture du gouvernement actuel. Bien que ne remettant pas en question ses compétences culturelles, le passage de la simple sympathie à la collaboration active à un gouvernement scélérat ne pouvait que m’émouvoir au plus au point.

Emotion qui se fit plus vive encore avec sa prestation sur la loi Hadopi, loi non moins scélérate que le gouvernement qui la fit naître.

Mais la séquence du 27 septembre qui vit un ministre de la république « s’émouvoir » de ce que « une Amérique qui fait peur » veuille appliquer une décision de justice en procédant à l’arrestation d’un homme en fuite poursuivi pour des faits d’une extrême gravité tels que le viol d’une mineure de moins de 16 ans sous l’emprise de la drogue, me laisse particulièrement sans voix !.

Entendons-nous bien, il n’est pas question d’accabler Roman Polanski, puisque c’est de lui qu’il s’agit, et de le traiter comme un simple pédophile. L’homme a 76 ans, et son parcours prouve bien que cette erreur de jeunesse, pour gravissime qu’elle fut, était bien une erreur de jeunesse, puisqu’il n’y eut aucune récidive et que sa vie fut plus marquée par son talent de cinéaste que par ses frasques sexuelles.

Mais quel que soit son talent cinématographique et sa qualité d’homme, le crime reste à la fois gravissime (regardez un peu dans l’actualité judiciaires le sort qui est réservé aux pédophiles, y compris pour des faits de simples attouchements…) et impuni.

Or si, en tant qu’ami des artistes, Frédéric Mittérand peut légitimement s’émouvoir de ce qu’un homme, qu’il estime et qu’il respecte, se retrouve en prison, en tant que ministre de la république il ne peut, ni ne doit s’étonner et regretter qu’un homme en fuite poursuivi pour un crime des plus graves, soit mis en état d’arrestation. Fut-ce 40 ans après. Sa sortie sur l’Amérique qui fait peur est en l’occurrence extrêmement déplacée.

Ceci vaut d’ailleurs pour l’ensemble des artistes qui se précipitent pour faire part de leur indignation et « exiger » la libération de leur ami.

Roman Polanski é été rattrapé par son passé. C’est regrettable car c’est un homme de talent, mais c’est aussi juste car on ne peut cautionner cette justice à deux vitesses qui varie selon que l’on est riche, connu ou pauvre et anonyme.

Quant à Frédéric Mitterand, suite à cette sortie, on pourrait être en droit d’exiger sa démission du gouvernement, mais si on commence à exiger la démission de chaque ministre de Sarkozy qui n’est pas à la hauteur de sa fonction, alors il ne restera plus grand monde pour gouverner la France

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