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Billet de blog 27 mai 2016

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Billet de mauvaise humeur : je déteste les casseurs !

Jeudi 26 mai, j'ai manifesté contre la loi « travail ». Le cortège était dense et revendicatif, les manifestants déterminés contre ce projet anti-social. Je publie une mise au point à la fin de ce billet en réponse à quelques "remarques".

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 Pourtant, de nombreux médias n'ont retenu que les débordements d'une minorité d'énergumènes qui, sous un vernis idéologique anarco-nihiliste, s'en prennent au mobilier urbain, à des concessionnaires automobiles, symboles d'un capitalisme aussi sauvage qu'ils le sont eux-mêmes. Grande victoire sur le capital que de briser la vitrine d'une banque pour déstabiliser le système bancaire. Tremblez banquiers et autres spéculateurs devant un tel acte révolutionnaire !

Quelle bande de décérébrés ! On se croirait devant adultes vivant tardivement leur révolte d'adolescents. Quelle sottise que croire que casser un abri Autolib ou y écrire « Boloré » comme une accusation, met la révolution en marche ! Si c'était le cas, le capitalisme serait à terre depuis longtemps.

Slogans aussi puérils que fragile est leur orthographe  « le combat continue » ou « nike les CRS ».

Illustration 1

 Confusion navrante entre « nique » et « nike » qui souligne à quel point ces « révolutionnaires » sont formatés par cette même société de consommation qu'ils prétendent combattre. En tout cas, ce tag fait au moins un heureux... la multinationale Nike qui profite d'une percutante publicité gratuite.

Bien sûr cette violence absurde est le fait des tenants du pouvoir. Du reniement à la trahison, Hollande et ses acolytes Valls, Macron, Cazeneuve, El Khomri... ont semé les graines de cette violence. Comment ne pas être en colère contre celui qui, en retour de notre soutien électoral, a conduit la même politique libérale, ou pire, que la droite qu'il prétendait combattre ? Hier il a eu ma voix, aujourd'hui, il récolte mon mépris.

« Pouvoir minoritaire, pouvoir autoritaire » scandaient, avec raison, les manifestants. Certes les forces de l'ordre (lequel?) ne sont que les instruments, parfois bien brutaux, de ce pouvoir dont la brutalité première reste la trahison et le recours au peu démocratique 49.3. Sans compter que les policiers reçoivent des ordres de certains préfets – hérités de la sarkozie – qui sont à la démocratie ce que la musique militaire est à la musique. 

Mais comment rester indifférent face à l'attitude provocatrice, à la violence disproportionnée et, parfois, à la scandaleuse impunité de certains policiers : tirs tendus, gazage à outrance, coups de poing au visage, œil défoncé, mort de Rémi ? L'abus de pouvoir devient insupportable lorsqu'avant la manif, les policiers fouillent les manifestants pour leur confisquer le sérum physiologique (Boîte noire de cet article : https://www.mediapart.fr/journal/france/260516/loi-sur-le-travail-la-mobilisation-repart-la-hausse).

Comment « aimer » cette police qui interdit de sortir du cortège à tous les manifestants arborant des autocollants revendicatifs ? La marge est étroite entre l'indignation face à des actes anti-démocratiques dignes d'un État policier et la détestation affichée avec le slogan « tout le monde déteste la police » et auquel je ne souscris aucunement.

Si les vrais casseurs sont au pouvoir, cela ne suffit pas pour que les cagoulés recueillent ma sympathie, loin de là.

Suite à quelques commentaires de courageux anonymes cagoulés derrière des pseudos, j'ajoute ces lignes à mon billet.

Certains interprètent mes propos comme une défense de la police ou du système en place. J'attribue cette confusion aux ravages de la méthode globale sur leur maîtrise de la lecture. A moins que ce ne soit un amalgame volontaire pour déconsidérer toutes critiques à l'égard des méthodes des casseurs (j'assume pleinement le terme « casseurs »). Certains commentaires se révèlent plus suffisants que nécessaires comme ceux qui prônent la violence comme forme d'expression politique pour abattre le capitalisme. Cette violence rendrait donc vaines toutes mobilisations de masse ? Manifestants, mettez fin aux blocages, aux grèves, rentrez chez vous regarder sur vos écrans les nouveaux défenseurs du prolétariat casser du flic pour votre libération ! Tremblez abribus, suppôts du capitalisme ! Grace à ces libérateurs, apparaitront bientôt les premières lueurs éclatantes d'un nouveau monde. Pour ma part, je ne vois là que les prémices d'un despotisme pas du tout éclairé.

Casseurs, vous n'êtes que des taurillons excités par une logorrhée pseudo idéologique. Vous foncez, museau à terre, sur la muleta des forces de leur ordre qu'agite le torero Valls bien rôdé au jeu de la corrida provocatrice et anti sociale.

Grâce à vous il retrouvera une légitimité – le maintien de l'ordre – qu'il a perdue par ailleurs avec ces attaques contre le monde du travail.

Je continue à détester tous les casseurs, les cagoulés, ceux avec flash-ball ou les adeptes du 49.3.

 Lire aussi l'excellent billet de Jean-Luc Gasnier

https://blogs.mediapart.fr/jean-luc-gasnier/blog/290516/au-bout-et-bout

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