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Billet de blog 24 novembre 2023

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De retour de Géorgie, Emmanuel Carrère ouvre le festival « Un Week-end à l'Est »

Pourquoi attendre 65 ans pour visiter le pays de ses ancêtres ? L'écrivain Emmanuel Carrère s'est rendu pour la première fois en Géorgie. Compte-rendu de cette rencontre lors de la 7e édition du festival "Un Week-end à l'Est" jusqu'au 27 novembre à Paris.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le petit amphithéâtre des Beaux-Arts de Paris (6e arrondissement) était bondé ce 22 novembre au soir. Derrière un large bureau faisant face au public, l’écrivain et journaliste Emmanuel Carrère fait une confession. « J’ai beaucoup voyagé en Russie, mais pas en Géorgie. Ce n’est que très tardivement, à l’initiative de la revue Kometa, que je m’y suis rendu pour la première fois. »

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Emmanuel Carrère © Francesca Mantovani / Editions Gallimard

Un voyage tardif

Pourtant, le romancier a une attache avec ce pays d’un peu moins de 4 millions d’habitants. Si sa grand-mère était russe, son grand-père était géorgien. Si sa mère Hélène Carrère d’Encausse est une historienne reconnue de la Russie, sa cousine Salomé Zourabichvili est l’actuelle présidente de la Géorgie.

« C’est fou que tu ne sois encore jamais allé en Géorgie ! », lui a fait remarquer un jour Léna Mauger, rédactrice en chef de la revue Kometa, rapporte Emmanuel Carrère. Pourquoi diable attendre 65 ans pour se rendre dans le pays de ses ancêtres quand on aime le voyage ? Peut-être un « snobisme social et national » hérité de sa mère, concède le journaliste, renvoyant la Géorgie à un pays « archaïque ». 

Emmanuel Carrère a dû enjamber le préjugé pour se rendre dans la capitale géorgienne, Tbilissi. L’écrivain narre un « retour aux sources » : « C’était une découverte très tardive, mais très passionnée. Tbilissi est une ville où on se fait vite des amis. J’ai ressenti une chaleur et une familiarité. » Le contraire de la Russie aujourd'hui. Son amour pour le pays des tsars a pris un sacré coup ces deux dernières années. « Avant cette guerre contre l’Ukraine, on pouvait dire qu’on aimait la Russie qui n’avait rien à voir avec le pouvoir. Mais maintenant, j’ai l’impression que ce n’est pas juste le pouvoir que l’on n'aime pas. » Les Russes eux-mêmes ?

Sur les Russes, le regard change

Dans les rues de Tbilissi, Emmanuel Carrère a assisté à une manifestation de Russes contre la guerre menée par leur pays envers l’Ukraine. « Ils n’étaient que cinq cents ! Qu’est-ce qu’ils font ? », s’insurge-t-il. « Ils s’apitoient sur leur sort comme si c’était une tuile qui leur tombait sur leur tête, à eux. » Comprenez : et non aux Ukrainiens.

Illustration 2
Au centre, Emmanuel Carrère, écrivain et journaliste. A gauche, Alain Berland, responsable de la programmation culturelle des Beaux-Arts de Paris. Et à droite, Serge Michel, directeur de la publication de Kometa.

Le journaliste a pris le temps d’écouter les Géorgiens durant son voyage. « De ce que j’ai compris, ils ont été dans un premier temps d’une grande tolérance vis-à-vis des Russes qui ont émigré chez eux au début de cette guerre. La seconde vague d’émigrés russes en Géorgie a, quant à elle, provoqué beaucoup plus de bruit. Ces Russes sont plus riches que les Géorgiens, et font augmenter les prix de l’immobilier à Tbilissi. Souvent, ce sont les émigrés qui sont plus pauvres que les habitants du pays dans lequel ils émigrent. Là-bas, c’est l’inverse. »

C’est également un pays plongé dans l’incertitude qu’Emmanuel Carrère a visité. 80 % des Géorgiens souhaitent rejoindre le camp européen alors que le parti au pouvoir, pro-russe, se rapproche de Poutine. Motif d’espoir pour les pro-européens : la Géorgie vient d’obtenir en novembre 2023 un avis favorable de la Commission européenne pour que le pays obtienne le statut de candidat officiel à l’Union européenne (UE).

Dans la salle, une dame se demande ce que souhaite Emmanuel Carrère à la Géorgie en 2024. Réponse de l’intéressé : qu'elle obtienne le statut de candidate à l'UE pour y entrer.


Retrouvez Emmanuel Carrère à la 7e édition du festival "Un Week-end à l’Est".

Illustration 3
Du 22 au 27 novembre 2023 © Zura Mchedlishvili

« Menaces sur la démocratie : les artistes géorgien·ne·s en équilibre » : Kathia Buniatishvili, Emmanuel Carrère, Nana Ekvtimishvili, Nino Haratischwili.

Lundi 27 novembre à 20h, à Odéon - Théâtre de l'Europe (Paris 6e)

Animation : Ulysse Mahnes. Entrée libre.

Le programme du festival est à retrouver ici.

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