C'est sans doute un résultat que certains ne s'attendaient pas à voir. Et pour cause, le chavisme, que l'on disait en phase terminale, garde la grande majorité des Etats du pays. Le GPP (coalition soutenant la révolution), passe de 20 à 18 Etats, tandis que la MUD (coalition d'opposition) n'en gagne que deux, passant de 3 à 5 Etats sous sa gouvernance.

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Ce scrutin intervient alors que le pays a connu une période de quatre mois d'extrême violence durant les manifestations de l'opposition, avec à la sortie plus d'une centaine de morts. Ces violences ont pris fin avec la convocation et l'élection d'une Assemblée Nationale Constituante le 30 juillet dernier, à laquelle l'opposition a refusé de participer. La légitimité du gouvernement de Nicolas Maduro a constamment été remise en cause durant ces derniers mois et, bien que le président ait été démocratiquement élu en 2013, les élections régionales étaient l'occasion pour lui de réaffirmer une fois de plus sa légitimité démocratique. C'est désormais chose faite.
En gardant le contrôle de la majorité des Etats du pays, le chavisme prouve qu'il n'a pas perdu son enracinement populaire et qu'il est toujours capable d'aller de l'avant, et ce, malgré le discrédit international permanent auquel il doit faire face. Les couleurs de la révolution bolivarienne ont repris le dessus dans les Etats de Lara, Amazonas et surtout Miranda, jusque là acquis à l'opposition et terre de l'un des leader de la MUD et ex-candidat à la présidentielle, Henrique Capriles1.
En revanche le chavisme perd lui aussi du terrain en certains endroits. Des Etats comme Nueva Esparta ou Anzoategui tombent aux mains de l'opposition. Mais c'est surtout dans les Etats frontaliers (Zulia, Tachira) ou proches de la Colombie (Merida), là ou sévissent groupes paramilitaires et trafics en tout genre, que le chavisme est en net recul.

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Le scrutin a aussi été l'occasion de révéler les paradoxes qui composent l'opposition, et les divisions qui l'animent. La MUD n'a cessé de qualifier le gouvernement de dictature, mais a accepté de participer aux élections régionales, pensant surement qu'elle allait remporter davantage d'Etats. Certaines composantes des plus extrêmes de la MUD, comme le parti Vente de Maria Corina Machado, avaient annoncé leur sécession avec la coalition et appelé à l’abstention. Mais pour une grande partie de l'opposition, cela veut-il dire qu'elle reconnait l'existence d'un processus électoral démocratique au Venezuela? En théorie oui, mais à peine les résultats tombés qu'elle criait déjà à la fraude (voir Elections régionales au Venezuela: ce qu'en disent les accompagnateurs internationaux).
En réalité, ces élections régionales ont démontré qu'une fois de plus, la majeure partie de l'opposition politique à la révolution bolivarienne refuse les règles démocratiques, et n'accepte de participer à des élections que par simple opportunisme.
Enfin, au-delà des aspects partisans du vote exprimé dimanche dernier, la participation a été énorme pour des élections régionales (61,14% contre 53,94% en 2012). Ce n'est pas sans signifier que le peuple a clairement exprimé son rejet de la violence comme moyen d'action politique.
Avant que le vote ait lieu, on pensait qu'une faible participation profiterait au chavisme, or, avec une forte participation, nul doute qu'une partie de l'opposition au sein de la population a également exprimé son adhésion aux méthodes démocratiques par son vote.
Pour avoir été sur place il y a encore quelques jours, je peux vous dire que le pays vit actuellement dans un climat de paix. Le refus des résultats par l'opposition ne présage rien de bon, espérons que les violences ne viendront pas à nouveau entacher la volonté populaire qui s'est exprimée en faveur de la paix.
Notes:
1: Pour en savoir plus sur Henrique Capriles, vous pouvez vous référer à un de mes précédents articles où j'en dresse un bref portrait. Cherchez la partie "Portrait de Henrique Capriles" ici: Venezuela: Révolution bolivarienne de B à M #4.