Depuis la fin de la trêve hivernale, les acteurs qui travaillent auprès des Roms d’Europe de l’Est vivant en squat ou bidonville constatent une montée générale du harcèlement policier à l’encontre des familles. L’intensification de l’habitude millénaire de rejet de ces étrangers emblématiques a pour but, semble-t-il, de décourager ces citoyens de l’Union Européenne de venir ou de rester en France.
Un blog suisse permet de se documenter sur les réalités de la vie des Rroms en Europe.
Selon un autre blog, "Les Rroms roumains ne sont ni des nomades, ni des gens du voyage. Ce sont des sédentaires qui ont fui les discriminations et l'exclusion extrême dont ils sont victimes dans leur pays. (…) Dans une Roumanie en proie à des difficultés économiques importantes, les Rroms demeurent les premiers touchés. Plus de 80 % d'entre eux sont au chômage. Sans ressources, sans assurance maladie, ils ne peuvent se faire soigner ni même assurer tous les jours la nourriture de leurs enfants, et vivent dans des quartiers défavorisés à l'écart des villes et des villages". Un certain nombre d’entre eux vient chercher une meilleure vie en Italie, en Suisse, en France, où ils ne sont pas non plus les bienvenus. Rappelons qu’en tant que citoyens de l’Union Européenne, ils peuvent entrer librement en France et y séjourner jusqu’à trois mois. Au-delà de cette durée, pour résider légalement, ils doivent avoir une autorisation de travailler, qui peut être obtenue de la préfecture en présentant une promesse d’embauche. Il s’agit là d’une disposition transitoire concernant les bulgares et les roumains.
Selon le GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés), ‘’ Les forces de l’ordre semblent de plus en plus souvent agir hors de tout cadre légal et déontologique, que ce soit à l’encontre des Roms qui tentent de survivre en lavant les pare-brises pour éviter de mendier, lors des interpellations sur la voie publique ou à l’occasion des expulsions de lieux de vie, qui s’enchaînent à un rythme accéléré. Au moins 12 expulsions de groupes importants en Seine-Saint-Denis depuis la mi-mars, certaines familles ayant été expulsées successivement jusqu’à 5 fois en deux mois’’.
Le Collectif pour l’accès aux droit fondamentaux des Roms migrants en France, RomEurope, relate le détail d’une série d’ interventions musclées, des diverses forces de l’ordre partout en France, allant de l’intimidation (pour ne pas dire agression) des laveurs de pare-brise à la confiscation de roulottes, sans parler des gardes à vue et autres menaces. Retenons deux exemples
- "A Bondy, la police est intervenue tôt le matin du 11 juin 2009 pour expulser une quarantaine de personnes installées sur un terrain après avoir été expulsées de St Denis l’avant-veille. L’une des tentes qui venaient d’être achetées par les familles pour s’abriter a été déchirée – cette scène a été filmée. Se trouvant à la rue, les personnes ont été poursuivies et empêchées de s’installer ailleurs (il s’agit d’une situation fréquente après les expulsions). Les familles ayant été empêchées de récupérer la nourriture, les enfants sont restés le ventre vide toute la journée. Ce même groupe a été de nouveau expulsé le 15 juin d’un nouveau terrain où il s’était installé à Bondy, après avoir subi un harcèlement policier quotidien, et sans ordonnance de quitter les lieux distribuée auparavant".
- "Sur plusieurs agglomérations en France, les forces de l’ordre annotent les passeports des Roms à l’occasion de contrôles, avec des inscriptions du type « contrôlé pour mendicité », « mendiant ». Ces pratiques ont commencé en Gironde en 2007 et suite à une plainte contre la police, classée sans suite par le procureur au bout d’un mois, le directeur départemental de la police (Gironde) a donné des consignes pour que cessent ces annotations. Ce fut le cas pendant quelques temps mais en mai 2008 (…) des annotations ont été effectuées par la police nationale à Annemasse. Elles ont continué en juillet 2008 à Mérignac (33), et à Lormont par la gendarmerie de Tresses. En mars 2009, le relais est pris par la police municipale de Bayonne. Les mêmes faits ont eu lieu à La Rochelle (17) et à Villenave d’Ornon (33). Cette pratique, qui a défrayé la presse en Suisse, passe inaperçue en France".
Devant la répétition des ces actions, de nombreux Rroms, terrorisés, optent pour le retour volontaire en Roumanie (pays de l’UE, on le rappelle). Le phénomène n’est pas
Cela dure depuis 1000 ans. Et cela continue, encore et encore, en dépit du rêve de paix que porte (portait ?) l’Union Européenne.
Un collectif d’associations programme pour 2010 un événement intitulé Une mémoire française : Les Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale, 1939-1946. Peut-être l’occasion de regarder le présent en face ?
Martine et Jean-Claude Vernier
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