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Billet de blog 9 mars 2009

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Contusions gare Montparnasse

L’excursion hors de notre sujet de prédilection, les traitements infligés aux étrangers en quête de régularisation, n’est qu’apparente. Car la confusion et les contusions infligées à des collégiens bordelais, à la gare Montparnasse, à Paris, jeudi 5 mars, signent l’avancée de la contagion, de la population étrangère à l’autochtone, du mépris qu’a le fort pour les droits du faible, qui caractérise la mise en œuvre de la "maîtrise de l’immigration".

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L’excursion hors de notre sujet de prédilection, les traitements infligés aux étrangers en quête de régularisation, n’est qu’apparente. Car la confusion et les contusions infligées à des collégiens bordelais, à la gare Montparnasse, à Paris, jeudi 5 mars, signent l’avancée de la contagion, de la population étrangère à l’autochtone, du mépris qu’a le fort pour les droits du faible, qui caractérise la mise en œuvre de la "maîtrise de l’immigration".
Dans ‘’La chasse aux enfants’’ (Ed. La Découverte), un ouvrage dirigé par Michel Benasayag et Angélique del Rey, on découvre que le traumatisme de l’enlèvement d’enfants étrangers à leur classe n’atteint pas seulement les enfants expulsés. Leurs copains doivent endurer, en pleine période de formation de leur conscience sociale, la contradiction des actes de l’autorité politique avec les ‘’les valeurs de la République’’, que leur enseigne l’école et dont la connaissance est exigée des immigrés. Les auteurs nomment cela ‘’l’effet miroir de l’expulsion des sans-papiers’’. Mais cela va plus loin encore : si on peut envoyer les forces de l’ordre cueillir un enfant dans son école pour l’expulser, peut-on s’étonner qu’une escouade de CRS s’en prenne à des collégiens rentrant d’un voyage de classe ?
Voici les faits, tels qu’ils sont relatés par un proche : ‘’Jusque-là, ce jeudi avait été plutôt chouette pour la classe de 3e C du collège Jean-Jaurès à Cenon. Arrivés tôt dans la capitale avec leurs professeurs de français et d'histoire-géo, ces adolescents de la banlieue bordelaise avaient commencé par l'objectif premier de cette journée-découverte : l'Assemblée nationale. Dans ce haut lieu de notre république, ils avaient assisté à une séance parlementaire. Mais après la tour Eiffel et le musée du Louvre, ils ont fait connaissance avec les Compagnies républicaines de sécurité (CRS). Impression radicalement différente.

« Il était 19 heures et nous attendions notre train devant les voies de la gare Montparnasse », raconte l'une des deux enseignantes. « Après le passage d'un groupe de manifestants étudiants qui chantaient, les CRS ont surgi très vite. » Les témoignages semblent concorder : venus de plusieurs endroits à l'issue de la manifestation qui a eu lieu à l'extérieur, une trentaine de policiers chargent en direction des étudiants... sauf que cela se passe dans un hall de gare bondé à cette heure. « On s'est retrouvés coincés », raconte un élève. « On criait qu'on était des collégiens mais rien à faire : j'ai pris des coups de matraque aux jambes et au poignet. » Une dizaine d'autres élèves sont frappés. « J'ai été plaquée contre un distributeur de boissons », raconte l’enseignante. Entorse cervicale. « Et pas une explication lorsque je suis allée voir le lieutenant.»''


L’histoire ne s’arrêtera pas là, car les parents et les enseignants du collège Jean Jaurès de Cenon y tiennent, à ces fameuses valeurs de la République.


‘’Hier, [le père de Jordan] a porté plainte pour violences sur mineur, comme plusieurs parents, comme les deux professeurs, comme le collège Jean-Jaurès. « Le choc était général », explique Sylvie Védélago, principal de l'établissement. Dans un communiqué, le Snes (Syndicat national des enseignements de second degré) s'insurge contre « la violence gratuite des forces de l'ordre », réclamant que toute la lumière soit faite sur ces événements. La sénatrice-maire d'Artigues, commune voisine, a écrit au Premier ministre et à la ministre de l'Intérieur. Des gendarmes sont venus auditionner enseignants et enfants présents. Les plus touchés étaient restés chez eux. Jordan est au repos pour huit jours.’’


On trouvera en fichier joint une déclaration des personnels et des parents d’élèves du collège Jean Jaurès.


Martine et Jean-Claude Vernier


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