Soumis à une campagne permanente d’instrumentalisation des migrants, et d’abord de ceux qui vivent ici avec ou sans l’aval de l’administration, il faut un effort d’imagination pour se souvenir que ce sont êtres de projets, d’attentes, de réalisation. Il faut un effort d’information pour voir que la pompeuse gestion des migrations n’est qu’illusion de réponse à un fantasme. Voici que deux intellectuelles tordues, enseignantes dans la Drôme et aidantes d’étrangers en souffrance, prenant la voie du roman, nous invitent dans les rêves et les angoisses de deux jeunes, dont l’une est sans papiers.
La compréhension à la fois distante et attendrie de profs pour les débats intérieurs de leurs élèves de 17-18 ans irrigue le roman. Une histoire qui serait charmante s’il n’y avait la menace pesant sur la vie d’une famille, déboutée du droit d’asile malgré les dangers mortels encourus là-bas, au pays. Une fiction tissée de faits réels, tels que les connaissent ceux qui n’acceptent pas que des humains soient ainsi martyrisés en détail par l’administration, pour des objectifs politiques incompréhensibles. La tragédie antique n’est pas loin.
Extrait de la préface de Miguel Benasayag : "Dans la société d’aujourd’hui, ouvrir un enclos à l’autre, ouvrir une fenêtre vers le monde, comprendre que l’autre n’est pas seul au monde, s’avèrent comme une prise de risque et même une ligne de résistance."
Rouge arménien, de Sonia Colin et Françoise Estival, est édité par L’Harmattan. Il est en vente en librairie, chez l'éditeur, ou par Internet, au prix de 18 euros.
Martine et Jean-Claude Vernier
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