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Billet de blog 14 avril 2025

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Un étudiant sérieux, un futur bon professionnel… sans droit au séjour

Ce jeune camerounais a saisi avec détermination la formation professionnelle que lui proposait la France. Mais au moment où il s’apprête à mettre en œuvre le métier qu’il a ainsi appris, la France (est-ce la même?) lui refuse le droit d’y vivre et d'y travailler en toute sérénité.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce jeune homme dispose de solides atouts pour réussir sa vie en France.

Il dispose également de sérieux soutiens, au sein de son lycée notamment, où non seulement ses notes mais aussi son assiduité, son travail, sont salués par le directeur et l'équipe pédagogique au complet.

Mais ce n'est pas tout : l'entreprise en électricité où il a fait ses preuves souligne sa proactivité et la clarté de son projet, sans compter les qualités professionnelles détectées lors de ses stages.

À ce titre, suite à une évaluation de stage « extrêmement positive » selon le directeur de l'entreprise, une proposition valide une embauche en contrat d'apprentissage en première et terminale MELEC1.

Ce jeune homme a donc un projet professionnel sérieux et solide.

Mais il n'est pas régularisé.

La mobilisation des équipes pédagogiques et professionnelles est forte autour de lui pour obtenir ce sésame. Mais le jeune homme n'a aucune certitude.

Il m'a autorisée à vous laisser lire le SMS qu'il m'a envoyé :

« De mon côté, j'essaie d'être confiant et je suis reconnaissant d'avoir toutes ces personnes autour de moi pour m'aider et m'accompagner.

Mon plus grand souhait est de m'en sortir ici en France, malgré les conditions dans lesquelles je suis arrivé. Je veux juste avoir ma place, finir mon école, travailler, et sortir tranquillement dans la rue sans avoir peur qu'on m'interpelle, et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour y arriver.

On s'habitue à gérer le stress, on le vit tous les jours et le moral est presque préparé à cela, même si parfois c'est plus fort que nous.

Je voudrais ajouter quelque chose : les liens au pays me manquent beaucoup, et surtout ma maman. J'ai été élevé et éduqué par elle presque exclusivement, je n'ai pas eu l'occasion de faire beaucoup d'études, mais je maîtrise le français parce que je l'ai parlé depuis tout petit. J'aime tellement ma maman, et elle me manque tant! Cela fait plus de quatre ans que j'ai dû partir. Alors si je veux avoir un avenir ici, si je veux réussir, c'est pour elle d'abord. Je rêve d'avoir la possibilité de l'inviter ou d'aller lui rendre visite si l'occasion se présente. Je n'ai pas trop de contacts avec elle actuellement, mais quand on arrive à se parler, je ne lui parle pas du tout de ce que je vis pour ne pas l'angoisser. Mais j'ai foi que les choses iront bien et qu'elle sera fière de moi »

J'ai déjà dit que ces personnes venues d'ailleurs nous apprennent qu'on peut convoquer plus de courage que celui qu'on pense avoir.

Mais comment fait-on pour mener un parcours scolaire et professionnel brillants avec la peur au ventre quasi quotidiennement ?

Et continuer à exceller pour rendre hommage à sa maman, tout en ressentant constamment le poids triste de l'éloignement forcé? 

Margot Wolf

1 Métiers de l’électricité et de ses environnements connectés

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