Ceinture noire de Taewondo en 2015, ce jeune homme a participé aux Jeux Africains de la Jeunesse en 2014, puis il a obtenu deux fois le titre de Champion du Sénégal dans sa catégorie en participant à des championnats d'Afrique.
Il est venu continuer ses études en France en 2018 avec un visa Schengen, ce qui lui a ouvert les portes de compétitions internationales, comme un Grand prix en 2019.
Il forme en même temps des jeunes élèves d'un club de la métropole nantaise dont il est membre, et il a réussi à leur transmettre la passion du Taekwondo dans la France entière au vu de leurs résultats.
Parallèlement, il obtient son bac avec mention, puis entreprend un BTS en Gestion Administrative. Afin de ne pas peser financièrement sur sa famille au pays, il prend un job étudiant et il se trouve aimer ce travail. Il évolue rapidement et, d'étape en étape, il occupe à ce jour la place de chef de partie1 au sein d'un superbe restaurant des bords de Sèvre Nantaise.
En demande d'un titre de séjour depuis deux ans, ce dernier lui a été refusé récemment, ce qui est absurde : en effet, ce jeune homme qui gagne très bien sa vie, se retrouvera sans salaire, sans droits, sans logement, dans une totale précarité. Et pourtant, il paie ses impôts, et toutes les charges comme tout le monde en tant que salarié.
Le patron, lui, veut garder son salarié, il l'apprécie, a détecté chez lui un nombre conséquent de qualités professionnelles et humaines, et il ne comprend pas l'absurdité de cette décision administrative qui ne repose sur aucune raison tangible.
Et comme il le dit lui-même : remplacer ce jeune homme, c'est quasi impossible. D'une part, il y a peu de volontaires dans un métier très exigeant en raison des amplitudes horaires, mais aussi de la qualité de travail requise, et un esprit d'équipe, ça se construit sur du long terme. Et ce long terme a un coût en formation et en temps consacré. C'est un investissement donc on espère stabiliser ses équipes.
Alors, l'espoir de ce jeune homme repose sur son patron. Ce dernier a décidé d'adresser au préfet un recours gracieux, en exposant les difficultés et gros soucis que rencontrera le jeune homme s'il doit quitter l'entreprise, mais aussi le déséquilibre important que générera l'absence du partenaire incontournable qu'est devenu ce jeune homme talentueux.
Sa réaction à la suite d'une interview pour un journal local : « Si mon histoire et les mots du patron peuvent vraiment servir à montrer à quel point ma situation est absurde – et celle de plein d’autres en France –, je suis content d’avoir participé. C’est vrai que Ouest France touche beaucoup de monde, et j’espère que ça permettra de faire entendre une autre version que celle qu’on voit partout dans les médias mainstream. Ça me touche aussi que le patron ait pu en apprendre plus sur moi, sur mon parcours et mes études. S’il me voit d’un œil encore meilleur maintenant, c’est une belle récompense. Si ça peut aider à faire connaître ces injustices et à sensibiliser plus de gens, je suis totalement d’accord avec la démarche ».
Margot Wolf
1 Le ou la chef·fe de partie est un cuisinier expert ou une cuisinière experte spécialisé.e dans l'élaboration d'une partie du menu. Occupant une place bien spécifique, il ou elle est recherché/e dans les grands restaurants, les établissements hôteliers ou encore la restauration collective.
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