Retourner en Côte d’Ivoire
J'attendais d’avoir fait des économies, mais ça n’a pas été possible. J'ai vu que ce n'était pas vraiment une bonne idée.
Pour mon retour en Côte d'Ivoire, comme toute bonne personne, j'espère avoir une meilleure vie et je pense que ça va être enrichissant, parce que j'ai beaucoup appris en France, j'ai vu beaucoup de choses en France, j'ai bien vécu avec toutes ces connaissances, toutes ces relations que j'ai eues en France; je pense que mon retour sera vraiment agréable et enrichissant.
Quels souvenirs de la France ?
Quels souvenirs je garderai de mes dix ans en France ? Que des bons souvenirs ! Je suis venu en France le 25 septembre 2015. J'ai eu mon premier titre de séjour le 19 juin 2019 et j'ai toujours travaillé, même avant d’avoir des papiers ; j'ai eu un logement, j'ai travaillé avec mon passeport ivoirien, je me suis construit au fur et à mesure, j'ai connu des associations, j'ai milité dans des associations. J'ai travaillé, j'ai eu une vie professionnelle stable, j'ai eu une vie quotidienne stable, j'ai connu de belles personnes. Je ne pourrai pas vraiment me plaindre.
Quand j’aurai des enfants, je leur raconterai que papa il a fait dix ans en France, il a des connaissances en France, il a beaucoup voyagé, il a travaillé dans plusieurs métiers, il est fier de son séjour en France. Et si, à leur tour, il devaient aller en France, je leur souhaite vraiment soit d'aller continuer les études pour retourner en Côte d'Ivoire pour revenir travailler, ou d’aller en vacances pour pouvoir visiter, peut-être, la Tour Eiffel puis revenir en Côte d'Ivoire.
Le retour : ma troisième vie
À mon retour en Côte d'Ivoire, j'aurai une troisième vie. J'ai eu une première vie de ma naissance jusqu'au jour où j'ai quitté la Côte d'Ivoire et une deuxième vie depuis que je suis venu en France. Alors, cette troisième vie elle sera la meilleure parce que d'abord j'aurai un document français qui m'autorisera à voyager dans le monde entier. J’ai un titre de séjour de dix ans. Je pense pouvoir le renouveler en respectant les conditions. Et je resterai en contact avec mes amis français.
Ce ne sera pas une double vie entre la France et la Côte d'Ivoire, parce que mon intention est de déménager définitivement.
Dans cette troisième vie, j'envisage de m'investir dans le monde politique pour pouvoir changer le monde à ma façon. Et qui dit changer le monde, dit changer soi-même, et mentalement ; je pense que je vais pouvoir vraiment y arriver et que mes connaissances du monde associatif et juridique en France vont m'aider une fois installé en Côte d'Ivoire; ça va m'aider à me projeter dans une troisième vie, où j'espère que ça pourra être plus facile et moins compliqué pour moi.
Nantes
Une chose qui m'a beaucoup marqué à Nantes, c'est de voir les Nantais très rattachés aux différentes cultures des pays étrangers, qu'ils s'intéressent à tout ce qui est culture, les festivals. Ils sont en harmonie avec les étrangers. C'est une belle ville, une ville où le racisme n'a pas sa place. J'espère que dans 40 ans, 50 ans, 100 ans, la ville restera toujours la même.
C'est notre souhait : oublier le racisme et s'entraider pour avoir vraiment une vie meilleure et un monde sans frontières - un monde métissé. C’est ma vision pour la France et pour la ville de Nantes.
J’ai un attachement pour la France et ses habitants ; je fais bien la différence d’attitudes entre le gouvernement et la population.
Je remercie toute la France, et puis... la vie continue.
Amara Diomande
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