L’Organisation internationale des migrations (OIM) a recensé près de 300 décès en Méditerranée centrale en seulement 10 jours, entre le 18 et le 26 avril. Et ce chiffre représente uniquement ceux que l’agence onusienne a pu documenter. Nombre de migrants disparaissent sans laisser de trace. Mais pas un seul article (à part Infomigrants) n’est sorti en France sur ce sujet dramatique.
Et pourtant il y aurait eu tant à dire ou à approfondir, entre nouvelles de naufrages à répétition, piratage de bateaux de migrants et refoulements vers la Libye. La route Tunisie-Lampedusa est, depuis des mois, l’objet d’un massacre continu. En seulement 10 jours, entre le 18 et le 28 avril, les corps de 210 migrants ont été repêchés en Tunisie ; dans les eaux situées entre Sfax, les îles Kerkennah et Madhia, l'arc de côte d'une centaine de kilomètres qui est devenu la principale base de départ de la route vers Lampedusa. C'est ce qu'a annoncé le porte-parole de la Garde nationale tunisienne, en précisant qu'il s'agit pour la plupart de jeunes Subsahariens (discriminés par le régime de Saïed). Victimes de plusieurs naufrages "fantômes", des tragédies restées inconnues jusqu'à ce que les cadavres remontent à la surface en mer ou échouent sur les plages, comme les 41 corps retrouvés entre le 22 et le 24 avril au nord de Sfax, dans un état de décomposition avancé, prouvant que le naufrage avait eu lieu plusieurs jours auparavant.
Déjà après cette découverte, Faouzi Marmoudi, magistrat au parquet de Sfax, avait signalé que la situation était en réalité beaucoup plus grave, précisant que les cadavres retrouvés alors s'élevaient déjà à plus de 70, au point que la capacité de toutes les morgues de Sfax était épuisée. Le lendemain, 25 avril, l'agence Tap News rapporte que le nombre de cadavres rejetés par la mer sur la seule côte de Sfax s'élève à plus de 90. Le communiqué des autorités tunisiennes publié trois jours plus tard, le vendredi 28 avril au soir, triple le bilan déjà terrible annoncé par le procureur de Sfax, Faouzi Marmoudi, le 24 avril : au moins 140 victimes de plus que les 70 déjà recensées.
Néanmoins, aucune des déclarations ne précise les circonstances et les causes des naufrages. « Nous ne savons pas qui sont les victimes et de quel naufrage elles proviennent », a déclaré Faouzi Marmoudi. La seule chose certaine c’est que les bateaux étaient partis de la côte entre Sfax et Madhia. Mais les naufrages n’ont dorénavant plus de « causes officielles », alors que des témoignages de plus en plus inquiétants accusent les garde-côtes tunisiens (ou des navires d’autres acteurs) de dérober les moteurs des canots des migrants en route vers l’Europe, les laissant dériver en pleine mer. En attendant, les autorités sanitaires tunisiennes ont mis en place un plan d'enterrement d’urgence, même si les victimes n'ont pas été identifiées.
Ce qui choque profondément les consciences, c’est le silence des femmes et hommes politiques français, de tout bord, et des médias : pas un seul média qui n’enquête ou ne rapporte la nouvelle, pourtant officielle provenant d’une agence onusienne. Quel monstrueux visage a pris ce déni d’un massacre accéléré à nos portes !