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Billet de blog 19 août 2014

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Un amour civil (billet romantique)

En mars 2012, lors de ma première arrivée au Liban, j’avais acheté le dernier numéro de Causette, qui contenait un grand reportage sur le mariage civil des Libanais à Chypre. La semaine dernière, j’ai été le témoin de deux amis à Larnaca, capitale des vacances et des mariages pour amoureux de tous horizons voulant échapper au joug du religieux sur leur vie personnelle.

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En mars 2012, lors de ma première arrivée au Liban, j’avais acheté le dernier numéro de Causette, qui contenait un grand reportage sur le mariage civil des Libanais à Chypre. La semaine dernière, j’ai été le témoin de deux amis à Larnaca, capitale des vacances et des mariages pour amoureux de tous horizons voulant échapper au joug du religieux sur leur vie personnelle.

Pour commencer, un petit rappel est nécessaire. Au Liban, la vie personnelle est régie par des codes dépendants de chaque confession. Et dans un état multiconfessionnel, où les populations ont appris avec le temps à se mélanger, malgré les souvenirs et les conséquences douloureux de la guerre civile (1975-1990), les jeunes se rencontrent et souhaitent construire une vie à deux, oublieux des confessions et de la pression sociale. Certains se convertissent à la religion de leur partenaire, d’autres se marient civilement, surtout dans le cas où la conversion est impossible, comme dans le cas de l’union avec un-e Druze par exemple. Plus récemment, des couples se sont lancés dans la reconnaissance du mariage civil libanais, une possibilité permise par une loi héritée du Mandat français, une faille légale qui ouvre la porte aux premiers textes et assouplissements sur le sujet. La démarche étant encore compliquée et soumise à énormément de menaces, quelles soient légales, économiques mais surtout sociales (la confession étant en effet enlevée des papiers d’identité), les aficionados du civil se replient encore par prudence vers le mariage à Chypre. Et c’est ainsi, lors de vacances coïncidant heureusement avec le mariage de deux amis, que je me suis retrouvée à mitrailler ceux-ci de photos dans un bureau spécial de la municipalité de Larnaca.

La cérémonie a été très agréable, teintée d’humour du fait de la personnalité expansive du juge en charge du mariage, mais surtout émouvante. Quoi de plus touchant, en effet, que d’assister à l’union de personnes aimantes et capables de se lancer dans un projet à deux, une vie ensemble, malgré les difficultés et malgré les diktats confessionnaux ? La paix du Liban, peut-être même celle du Proche-Orient, pourrait venir de ces initiatives personnelles, de cette volonté romantique de baser sa vie sur un modèle différent de celui prôné par la société. Qui sait ? Les enfants de mes amis se marieront peut-être civilement aussi, au Liban, les lois évolueront avec eux, les familles aussi, et une toute nouvelle cohésion sociale pourrait naître sur la base du contrat civil. Pourquoi ne pas miser sur le mariage, alors que toute la région s’embrase de nouveau ? Pourquoi ne pas se reposer sur l’amour ?

Mais ce ne sont que les propos hautement optimistes d’une nouvelle convertie à la cause.

Florence Massena

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