Un jour, la pilule sera aussi une histoire d’hommes. Car à force de faire trois pas en avant et deux pas en arrière, la société avance et les féministes finissent par se faire entendre. Une quarantaine de films du Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir, désormais disponibles en Salle des collections, se font l’écho de leurs luttes. Bien au-delà du petit comprimé bourré d’hormones.

« Jamais, je n’ai regretté d’avoir un enfant. Je n’avais pas envie d’avoir une reproduction de Sartre », explique Simone de Beauvoir, les yeux rieurs, dans le portrait que lui consacre Alice Shwarzer en 1974. Sartre, son compagnon de toujours, qu’elle vouvoie et appelle par son nom de famille. Sartre, avec qui elle n’a jamais « cohabité » : l’union libre n’a de sens, selon elle, que si l’on ne vit pas sous le même toit. Son prénom, Simone, incarne un siècle passé. Mais la femme qu’elle était n’a pas pris une ride. L’intellectuelle émancipée, qui lit Libé en buvant du thé, pourrait être aujourd’hui à la une de Causette.
Deux ans plus tard, en 1976, l’élégante Delphine Seyrig tourne un film qui deviendra emblématique, Sois belle et tais-toi !, avec la collaboration de Carole Roussopoulos et Ioana Wieder, fondatrices avec elle du Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir. Off, on entend la voix sèche, sensuelle et assurée de la belle blonde.
In, on écoute Jane Fonda, Ellen Burstyn ou Anne Wiazemsky. Elles y évoquent leur métier, actrice. Et surtout la difficulté de s’émanciper des clichés d’un cinéma qui « n’est qu’un énorme fantasme masculin ». En Californie, au même moment parler d’elles (Raising The Roof). Ce sont les Seven Sisters, des militantes radicales capables de couler une chape de béton et de changer une chaudière. Quelquefois, malheureusement, l’avenir se bouche. Comme pour ces filles-mères (De niña a madre) et ces femmes assassinées parce qu’elles étaient femmes (Lettre à ma soeur). Ces récits souvent poignants parlent d’un monde en souffrance, où la femme n’a toujours pas sa place. Mais la lutte continue. Jusqu’au jour où le combat des femmes sera aussi une histoire d’hommes. La pilule masculine, alors, c’est pour quand ?
La Salle des collections
La Salle des collections propose 7500 films à visionner sur écrans individuels.
Des classiques, des films rares ou devenus introuvables, sur Paris ou sur de nombreux sujets de société.