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Billet de blog 14 juillet 2025

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“Le mâle est fait : anatomie d’un pouvoir qui s’écoute rugir”

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 13 juillet 2025, Emmanuel Macron a livré un discours martial où la liberté semblait se conjuguer au masculin, en uniforme et en posture. Face à la menace russe, le Président choisit l’intimidation comme stratégie, la virilité comme mise en scène, et la peur comme monnaie diplomatique. Mais peut-on bâtir une démocratie sur le modèle masculiniste? Ce billet interroge une vision du monde où la force supplante le lien, et où le chef se rêve en mâle alpha républicain.

Une liberté fondée sur la crainte

Dans ce discours, la liberté n’est plus une valeur partagée, mais un trophée individuel gagné par intimidation. C’est un peu comme affirmer :

“Je suis libre de circuler parce que j’ai garé mon porte-avions sur le passage piéton.” À ce compte-là, l’autocratie devient une liberté suprême. On pourrait en rire, si ce n’était pas une allocution présidentielle.

Le Président français ne cache pas son inspiration : la Russie de Vladimir Poutine, présentée comme une menace durable, organisée et viriliste. Face à un autocrate qui chevauche l’histoire torse nu, Macron répond par une posture de chef de guerre, entouré des états-majors, filmé en plan serré, applaudi par les chroniqueurs Défense et les généraux à la retraite.

Le décor ? Une République transformée en salle de musculation conceptuelle.

Le discours ? Un mélange de rhétorique militaire et de slogans d’entraîneur de boxe.

Le message ? “Moi fort. Moi libre.” 

Comme les incels masculinistes qui manquent de relation amoureuse, Macron manque de lien. Les incels revendiquent une place qu’ils estiment leur être due, mais qu’ils n’ont jamais su construire. Ils confondent désir avec droit, relation avec possession, et finissent par haïr ce qu’ils ne comprennent pas : la réciprocité.

Macron, dans sa posture viriliste, semble souffrir du même manque — non pas d’amour intime, mais de lien démocratique. Il parle à la Nation comme on parle à une foule qu’on veut dominer, pas à un peuple qu’on veut écouter. Il confond autorité avec affection, puissance avec légitimité, et finit par brandir la peur comme substitut au respect.

Ce n’est pas l’amour qui manque, c’est la relation. Le lien égalitaire, le dialogue, la reconnaissance mutuelle. Comme les incels, il performe une masculinité défensive, crispée, qui croit que l’on gagne en imposant — alors qu’on ne fait que perdre en refusant de se relier.

Et pour ceux qui murmurent : “Avec Poutine, on ne parle pas, on frappe”

Ce jeu-là ne produit ni respect ni paix, seulement des postures en treillis et des budgets Défense hypertrophiés. Macron performe une masculinité crispée, défensive, qui croit que le lien est une faiblesse. Mais sans lien, il ne reste qu’un théâtre martial où l’on joue à être libre en criant plus fort que l’autre.

Vouloir être libre en suscitant la peur revient à prétendre être aimé en vociférant au mégaphone. La démocratie devient un décor, la République une salle de musculation, et la liberté un cri de guerre en costume trois pièces. Juste une mise en scène, en grande pompe — avec un fond sonore de missiles et de mâchoires crispées. Ce n’est pas la peur qui libère — c’est le lien qu’on assassine.

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