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Billet de blog 20 mai 2013

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Guérir: passer de la victimisation à la responsabilité; chapitre 9: Les croyances

Après avoir découvert que nous étions formatés nous pouvons essayer de prendre conscience des croyances dont nous sommes pétris.La première d’entre elles, c’est celle qui nous donne l’illusion de fonctionner librement, en toute conscience. C’est une énorme illusion !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après avoir découvert que nous étions formatés nous pouvons essayer de prendre conscience des croyances dont nous sommes pétris.

La première d’entre elles, c’est celle qui nous donne l’illusion de fonctionner librement, en toute conscience. C’est une énorme illusion !

Ainsi lorsque nos réactions ne sont pas dictées par des traces de nos souvenirs douloureux, elles le sont par des idées, des constructions mentales, des théories et autres opinions que nous avons pioché dans notre milieu culturel, familial ou scolaire ou que nous avons nous-mêmes créé au fil des évènements qui ont jalonné notre vie.

Nous avons l’habitude de cantonner le terme croyance au domaine de la religion mais en y regardant de plus près nous pouvons constater combien nous nous faisons des projections et comment nous échafaudons des théories dans tous les domaines de la vie.

Ces domaines allant de notre vision de nous-même, à notre vision de l’univers en passant par les relations de couple , la politique ou les concepts comme la liberté ou la perfection.

Nous avons tous des certitudes sur de nombreuses choses qu’elles soient matérielles ( les gaz à effets de serre sont menacés, le système bancaire est sain, …) ou immatérielles (ma meilleure amie sait garder un secret, le travail s’est la santé, …).

Les croyances sont cet ensemble de certitudes que nous avons et qui ne repose sur aucune expérience directe de notre part.

Nous avons simplement appris à croire, croire d’abord nos parents, puis les professeurs et les experts en tout genre. Nous avons finalement appris à investir notre confiance dans les informations qui viennent de l’extérieur et très peu dans ce que nous apprenons par nous-même, grâce à ce que nous vivons chaque jour.

Ce fonctionnement est-il embêtant ? Je me suis posé la question. En effet, ayant toujours fonctionné comme cela, en dehors des quelques évènements malheureux précités, j’avais toujours eu l’impression de ne pas m’ en sortir si mal.

Mais pourtant, à moins de me trouver à l’aise dans ce rôle de marionnette, j’ai du admettre que vivre en fonction de ce micmac intellectuel était pour le moins handicapant et faisait s’écrouler l’idée que je me faisais de moi-même en tant que libre-penseur.

Il fallait m’attaquer au programme.

Depuis mon enfance je m’étais donc construit tout un monde grâce aux croyances émises par la société, par mes parents, par l’église, mais aussi grâce aux croyances que j’avais moi-même adoptées.

Certaines d'entre elles n’ont finalement pas une grande incidence sur nos vies, disons qu’elles ne nous font pas souffrir particulièrement.

Par exemple si je crois que le riz indien est meilleur que le riz chinois, c’est une croyance. Cela peut être très facilement remis en question, notamment par le milliard de Chinois patriotes(tiens, j’ai aussi la croyance qu’ils sont patriotes!) ; mais ceci dit, ce n’est pas une croyance qui a un grand impact sur ma vie, cette opinion ne me fait pas souffrir.

Par contre si je crois que les hommes sont des brutes, que j’en ai fait une règle à la suite de mon expérience, cela va avoir une grande incidence sur mon comportement parce que mon rapport aux hommes en sera fortement imprégné. Cela pourrait influer ma vie amoureuse mes relations professionnelles ou amicales.

Les croyances qui nous intéressent ici sont justement celles qui nous font souffrir, qui nous limitent ou nous obligent.

Je ne vais pas vous livrer un inventaire des domaines et des croyances dont j’étais remplie, ce serait ennuyeux, certainement inutile et surtout très long, je vais juste m’attarder sur quelques-unes d’entre elles et essayer de montrer à quel point elles ont eu des conséquences sur mon comportement et ont influencé le cours de ma vie.

Tout d’abord, je voudrais évoquer un ensemble de croyances relayées par la société en général, sur un thème qui nous intéresse particulièrement, les femmes. Croyances auxquelles je n'ai pas manqué d'adhérer, bien sûr.

Vous êtes-vous déjà interrogée sur ce que vous croyez à votre propos, en tant que femme ?

Je crois que nous avons tendance à imaginer que les visions étriquées sur la moitié de l’humanité sont le fait des hommes, qu’ils en sont à la fois la source et les diffuseurs.

Cela est faux.

Évidemment ils sont  porteurs de ces croyances, mais les femmes le sont tout autant.

Il faut comprendre qu’une croyance n’est pas simplement une opinion intellectuelle ; une croyance, dans le sens où je l’emploie, est une information inscrite profondément en nous, elle fait partie de nous.

Elle peut avoir un faible impact sur notre vie, comme celle à propos du riz, mais quant à celles qui touchent directement à la définition que nous nous faisons de nous-même, elles sont profondément ancrées et l’énergie que nous avons investie à l’accepter, les rend d’autant plus difficiles à dissiper.

 Je crois que nombre de femmes, de ma génération notamment, revendiquant l’égalité et leur liberté à voix haute, n’y croient pas vraiment intérieurement. La revendication n’est alors qu’un moyen extérieur de se battre avec leurs propres convictions, ces programmations internes, qui les font souffrir. Lorsqu’on a obtenu quelque chose, on n’a plus besoin de la revendiquer, il n'y a plus de guerre. Ce qui n’empêche pas d'en parler d'ailleurs. Simplement on n'est plus dans la réparation ou la réaction mais dans la communication, la création.

Ainsi, j’ai grandi avec l'une des croyances socle des rapports homme/femmes illustrée par cette théorie historique et culturelle de l’infériorité des femmes par rapport aux hommes.

Lorsque j’étais enfant, quelque chose en moi se révoltait en constatant cette inégalité.

Je l’ai vu d’abord à l’église où il était évident que les femmes étaient reléguées aux seconds rôles. Les prêtres étaient toujours des hommes et même les enfants de chœur étaient des garçons.

Le discours aussi était choquant. Les femmes étaient coupables d’avoir nourri Adam, le simple fait de lui avoir donné une pomme nous avait condamnées pour l’éternité. Enfant j’espérais que l’histoire, à nouveau racontée au catéchisme, se terminerait différemment, j’espérais qu’Adam n’aurait pas faim. Mais ça n’arrivait jamais, et petit à petit la croyance que je portais une faute éternelle s’inscrit en moi.

Les femmes étaient les créatures du diable, sauf la vierge et encore ce n’était pas si clair que ça. J’étais donc mauvaise par nature, avant même d’avoir fauté. 

Autre source de croyances allant dans ce sens, les dessins animés des années 70, que j’ai regardés comme beaucoup d’enfants, et bien sur les contes de fées.

Ah, les beaux et courageux princes venus pour sauver la pauvre princesse !

Je rêvais en regardant Albator, mais je rêvais d’être Albator, libre, forte et juste. Je ne me voyais pas du tout comme quelqu’un de faible, je m’imaginais au cœur d’une vie pleine d’exploits et d’aventures. J’aurais tant aimé être un garçon !

 Les croyances transmises par la collectivité ont été plus fortes que mon ressenti ou ma soif de liberté et j’ai inscrit en moi que les femmes étaient fragiles, pleurnichardes ou encore vicieuses, manipulatrices et irresponsables.

Les conséquences de ce programme ont été profondes.

Lorsque nous croyons à notre culpabilité, nous sommes déjà en situation de faiblesse. Comment en étant si limitée, faible, fragile serait-il possible d’être autonome ? J’ai cru que je ne pourrais jamais me débrouiller toute seule, qu’il me fallait trouver un homme pour cette raison.

Ce n’était pas dans le but de partager une vie, non, il s’agissait de combler mes manques. C’était un besoin.

J’ai cru également qu’une femme devait être gentille, aimable, douce, obéissante, maman disait « effacée », tout un symbole !

Alors j’ai grandi en voulant bien faire et j’ai été douce, gentille, obéissante jusqu’à être incapable de dire non lorsqu’une situation ne me convenait pas.

J’ai fait du camping l’année de mes 16 ans, et je n’ai pas su refuser à un groupe de garçons d’occuper l’espace libre de mon emplacement, j’ai été maltraitée, insultée et menacée pour avoir été trop gentille.

J’avais appris à me soumettre au désir des autres, à ne pas faire de vague plutôt qu’à me respecter.

Voilà un exemple de croyances dont les conséquences sont réelles et désastreuses sur notre vie. Il a été extrêmement important pour moi d’en prendre conscience afin de pouvoir les changer.

Ce n’est pas évident de savoir par où commencer et surtout comment.

Pour avoir une idée de ce que nous trimbalons il faut dans un premier temps faire un état des lieux couvrant tous les domaines de la vie. Vous pouvez faire des catégories à propos de vos croyances sur les femmes et les hommes, le couple, le travail, l’école, l’amour, l’argent, etc.…je n’ai pas été déçue, vous ne le serez pas non plus.

Et après ?

La prise de conscience ne suffit pas toujours, je précise "toujours" parce que parfois, le simple fait de débusquer la croyance la supprime instantanément.

La croyance n’existe que ...tant qu’on y croit, ça peut sembler simpliste mais c’est pourtant comme cela que ça fonctionne. C’est pourquoi, certaines d’entre elles peuvent si facilement disparaître.

D’un autre côté, nous pouvons cogiter pendant des heures sur d'autres, comprendre à un niveau intellectuel que ces idées sont absurdes, sans arriver à nous en débarrasser. Cela arrive lorsque les croyances font en quelque sorte partie de nous, lorsque nous y avons vraiment investi beaucoup d'énergie.

Pour celles qui résisteraient à la prise de conscience, il reste plusieurs méthodes.

Je vous évoquerai seulement les techniques que j’ai expérimentées.

J’ai remplacé par exemple la croyance qu’une femme est faible par celle que les femmes sont fortes en utilisant le reiki, une méthode énergétique déjà évoquée.

Certaines croyances sont aussi liées à des évènements précis de notre enfance, ainsi la croyance "je ne suis pas digne" était issue à la phrase entendue maintes fois à la messe le dimanche. Pour cela j’ai utilisé la technique chamanique appelée la récapitulation, très efficace pour se libérer d’évènements passés. J'ai d'ailleurs découvert il y a peu l'EMDR, une méthode psychothérapeutique issue très probablement de cette technique chamanique.

Je reconnais que ce sont peut-être des méthodes peu courantes, voire ignorées de notre société et qu’il y a beaucoup de croyances (justement) sur le sujet. Peu importe finalement, pour moi ce sont des techniques qui ont fonctionné, mais il en existe certainement de nombreuses autres, à chacune de vous de trouver celles qui lui conviennent. Je ne m’étendrai pas sur le sujet ce n’est pas le but de cet ouvrage, mais je laisserai à la fin du livre des références concernant les méthodes ou les ouvrages qui m’ont aidés.

Sachez simplement que le changement est possible, que la guérison existe.

Dans un premier temps il semble laborieux de nous libérer de toutes ces informations, de ce qui a fait notre éducation de ce que nous croyons être notre culture. Nous avons aussi l’impression qu’elles font partie de nous et qu’en les transformant ou les effaçant, nous risquons de perdre une partie de nous-même. Nous avons tendance à confondre notre construction personnelle avec notre nature profonde. Si nous sommes craintives nous croyons que c’est notre tempérament et nous disons volontiers « Oh, et bien je suis comme ça, c'est moi », mais ce n’est pas vrai, c’est juste une croyance que nous avons de nous-même. A part les peurs instinctives, les réflexes de survie, aucune peur n’est innée ni saine.

Il n’est pas facile de se remettre en question, de se tourner vers soi et de prendre conscience que ce que nous reprochions aux autres, nous l’avions aussi bien souvent en nous.

Tant que nous ne nous sommes pas débarrassés de nos propres projections sur nous-même et ce qui nous entoure, nous sommes une source de croyances pour les autres, notamment pour les enfants, et ce, même si nous ne nous en rendons pas compte.

Être une femme libre, sortir de notre rôle de victime, passe par ces prises de conscience, c’est un travail individuel, mais je peux en témoigner, chaque pas fait dans cette direction est un vrai pas vers la liberté.

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