Femmes en Réseau
Nous sommes des femmes et nous osons aujourd’hui vous inviter à nous rencontrer à travers ces portraits-photo ou par nos écrits.
Nous avons voyagé durant plusieurs mois à la découverte de nos territoires. Les femmes pensent rarement le monde en termes de territoires et pourtant nous sommes légitimes à le faire, cela nous offre une autre manière d’être au monde et de vivre en société.
Les Côtes d’Armor, au cœur de la Bretagne, sont un premier territoire dans lequel nous nous inscrivons, dont nous avons redécouvert les richesses culturelles et architecturales au fil des occasions durant l’automne dernier, Bréhat, la Briqueterie de Langueux, l’Abbaye de Beauport…. Un territoire riche d’une nature source de bien-être à portée de nos sens, si nous voulons bien la ressentir en nous accordant un temps à soi. Fermer les yeux et gouter l’océan, l’air, l’argile et le soleil.
Le territoire immense que représente le champ des activités économiques est l’un de ceux que nous percevions éloigné de nous, parfois comme un monde en dehors du nôtre si souvent encore assimilé au foyer et aux enfants. Alors, grâce à la rencontre de femmes ou hommes, professionnels de secteurs que nous n’avions jamais contactés auparavant, comme ceux de l’industrie, du bâtiment, de l’agriculture ou des métiers de la mer, nous sommes sorties de nos zones de confort, nous avons testé, expérimenté et ouvert les possibles. Nous acceptons que ce territoire perçu comme celui d’une activité réservée aux hommes soit aussi le nôtre, celui des femmes, lorsque nous osons en franchir les frontières invisibles. Et tout à coup, notre monde professionnel devient plus vaste.
Autre espace à conquérir, celui des droits. Apprivoiser les abords de ce territoire aux contours parfois flous, aux accès codés par un vocabulaire technique et d’obscures formulaires administratifs, accessible bien souvent après de multiples errances d’un service à l’autre, d’une conseillère à un technicien, d’un bureau à un site internet. Un espace qui n’offre aucune certitude, jamais, mais qui exige une veille permanente sans laquelle s’invite le risque d’une radiation, d’une exclusion ou de la perte d’une aide pourtant essentielle.
Le territoire de nos droits, ceux offerts à toutes et tous, ceux des services publics de santé, de justice ou de soutien à la parentalité pour nous mères, femmes, citoyennes. Un territoire que nous tentons d’investir encore et encore pour nous et nos enfants.
Et davantage encore le territoire que représente le droit de se tenir debout, celui de choisir, de refuser ou d’accepter, le droit d’être fatiguée, celui d’être imparfaite mais aussi d’être plus compétente et plus forte, le droit de changer d’avis, d’hésiter ou d’affirmer et le droit de s’insurger. Un territoire qui relève de l’intime et que nous découvrons diminué par les préjugés, ceux des autres et les nôtres également. Un territoire étouffé par les injonctions sociales parfois contradictoires de trouver un emploi mais de devoir se précipiter à l’école chercher nos enfants quand le professeur est absent. Un territoire écrasé par les projections sexistes qu’incarnent encore certains hommes, parfois nos compagnons, nos anciens maris, nos pères ou frères, mais aussi ces hommes croisés lors de ce voyage à la découverte de qui nous sommes.
Des droits que chaque jour nous conquérons davantage grâce aux pas réalisés par chacune de nous. Le 8 mars c’est cela, l’ensemble de ces pas effectués par chaque femme, pour nous toutes.
Framboise Clausse, le 02 03 2023