Framboise C (avatar)

Framboise C

Formatrice en insertion auprès de femmes etc

Abonné·e de Mediapart

15 Billets

0 Édition

Billet de blog 26 novembre 2020

Framboise C (avatar)

Framboise C

Formatrice en insertion auprès de femmes etc

Abonné·e de Mediapart

Du droit de se moquer au choix de rencontrer.

Il en est des relations avec les animaux comme des relations avec Dieu ; se révèlent, dans les deux cas, les plus beaux trésors de l’être humain, l’amour, la foi, la tendresse, la sincérité, quelque chose de l’ordre de l’âme, de l’essence de la vie.

Framboise C (avatar)

Framboise C

Formatrice en insertion auprès de femmes etc

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je connais quelqu'un, c’est ma voisine, qui aimait tellement son chien qu'elle le voyait comme un membre de sa famille, son enfant.

Je n'ai jamais compris l'importance que pouvait avoir un animal dans la vie d'une personne. Enfin, pour moi qui ai 5 enfants, il est incompréhensible qu’une relation avec un animal puisse avoir l’importance de celle qu’on a avec un enfant.

Je connais plein de gens, des gens censés, qui se moquent ouvertement et avec mépris de ces effusions d'amour et ces attachements pour les animaux. Il y a de quoi, n’est-ce pas ?

Un jour, il y a quelques semaines, l'animal de ma voisine est tombé malade, il avait 12 ans, c'est beaucoup pour un chien mais ce n'est pas beaucoup pour un enfant. Elle était très inquiète, les nouvelles n’étaient pas encourageantes. Et puis, vendredi après-midi, le chien a dû être piqué, comme ils disent. Ma voisine a sombré dans un profond chagrin on aurait vraiment dit qu'on avait enterré son propre enfant.

Je n'ai pas traversé la rue pour lui dire que vraiment elle exagérait, qu’elle trouverait un autre chien, que la relation qu'elle entretenait avec son animal était une parfaite illusion, que tout cet amour pour cette bête était parfaitement déraisonnable et absurde.

Je ne me suis pas non plus moqué d'elle, J'aurais pu bien rire avec d'autres de son cirque et de ses débordements. Après tout j'ai moi-même 2 chiens et un chat je vis bien dans le même monde que ma voisine et moi, qui suis équilibrée, vois bien que mes chiens sont des animaux et non des enfants.

J'aurais pu me moquer, j'aurais pu argumenter, j'aurais pu lui démontrer la folie de cette relation parce que nous sommes dans un pays où nous avons tous le droit d'exprimer ce que nous pensons, de nous moquer de ce que nous croyons délirant, de dénoncer ce que nous voyons comme une bêtise.

Je ne me suis pas moqué, je suis allée vers ma voisine et je l'ai écouté parler de son chien-enfant pendant deux heures. J’ai ressenti toute la peine qu'elle avait, j'ai ressenti tout l'amour que lui apportait cette relation, j’ai vu combien pour elle, tout cela était réel et essentiel et je l'ai prise dans mes bras et nous avons pleuré ensemble.

Quand je suis rentrée à la maison je n'ai pas vu mes chiens comme des enfants mais il est certain que mon regard sur eux avait été transformé par la rencontre profonde que je venais de faire.

Il en est des relations avec les animaux comme des relations avec Dieu ; se révèlent, dans les deux cas, les plus beaux trésors de l’être humain, l’amour, la foi, la tendresse, la sincérité, quelque chose de l’ordre de l’âme, de l’essence de la vie.

Ainsi, plutôt que nous moquer et juger, nous pourrions traverser la rue et d’une incompréhension profonde et du mépris, rencontrer ce que nous percevons au premier abord comme une folie et y voir simplement un regard autre sur soi et le monde, une manière différente d’être humain.

Choisir de garder au creux de soi nos droits et nos convictions, si importants pour nous soient-ils, calmer l’envie d’être celui qui détient la vérité et exercer notre cœur à accepter que chacun a le droit de s’exprimer bien-sûr, le droit de croire librement aussi, que chacun a besoin d’être respecté et en tout premier lieu a le droit d’exister.

Choisir la compassion avant la raison.

Framboise Clausse

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’auteur n’a pas autorisé les commentaires sur ce billet