J'ai lu les contributions sur "à la Une du Club" 1973 vu par les féministes et le terme m'a interpellée parce qu'il me met mal à l'aise.
Selon moi c'est le pendant du terme "machiste" qui avec toute l'arrogance, le mépris, l'indignité, la brutalité qu'il recouvre est détestable et je m'en voudrais d'être considérée comme une féministe d'autant que le phénomène Me Too est venu polluer les débats.
Pourtant j'ai expérimentée très tôt la discrimination. Je me présente en 1971 à mon premier poste d'officier de police adjoint au commissariat d' Argenteuil, une brasserie désaffectée déjà pas très engageante. J'entre au poste il est 8h du matin je suis en avance Je m'adresse à un brigadier assis derrière le comptoir d'accueil
"Bonjour Monsieur, je viens voir le Commissaire" Il se lève, me détaille de la tête aux pieds avec insistance
"C'est à quel sujet ?"
" Je viens me présenter. Je suis affectée ici "
Il s'en décroche la mâchoire, se retourne et s'adresse à des collègues réunis dans la pièce attenante :
"Hé les gars ! On avait déjà les bougnoules, V'là les bonnes femmes"
J'ignorais encore ce que désignait le terme " les bougnoules " mais il m'est apparu que sa phase était plutôt réductrice et insultante. Une belle illustration du machisme.
Assez difficile d'être la première femme , une civile, OPA de surcroît, affectée dans le département dont tous les services auront urgemment un dossier à consulter aux archives où le Commissaire assez fine mouche m'avait provisoirement placée pour que je m'instruise des procédures et dossiers avant de me mettre à la brigade des mineurs parce qu'à cette époque une femme en sécurité publique allait obligatoirement aux mineurs s'occuper "des enfants " ... mais donc des adultes ....Un poste très riche d'enseignements.
A côté de quelques " rustres et rouleurs de caisse" j'ai eu droit à des comportements assez protecteurs et aimables de la plupart des collègues. Dans l'ensemble ils étaient assez fiers et je dirais que cela tient justement au fait que j'étais la première et la seule et que je faisais mon boulot alors que le recrutement de femmes s'intensifiant une certaine hostilité, ou crainte s''est développée envenimant les rapports.
La Police, comme d'autres institutions, n 'est plus exclusivement un métier d'hommes. J'ai toujours pensé qu'on nous demande davantage qu'aux hommes de faire la preuve de nos capacités professionnelles tout en restant des femmes donc objet d'attentions parfois abusives d'une minorité de "mâles" . Il y avait plus de retenue - sauf exception - dans les relations Homme/ femme à mes débuts que par la suite. J'ai constaté par mes activités associatives une forte progression du nombre de harcèlements exercés contre les femmes et parfois par d'autres femmes.
C'est l'égalité qu'il faut revendiquer, dans tous les domaines : dans la société, en privé, au travail avec aucune discrimination pour les salaires et les primes. Mêmes droits mêmes devoirs.
Je me méfie des féministes à tous crins qui reproduisent les mêmes travers que la gente masculine qu'elles dénoncent Même physiquement différents, nous sommes humainement égaux et complémentaires souvent , déjà génétiquement, non ? Exclure l'une ou l'autre est socialement suicidaire.