La formation professionnelle, compétence majeure des Conseils régionaux, peut contribuer à changer les conditions de vie de nombreux citoyens. Hélas, ainsi que l’indique une enquête de Mediapart en date du 7 février 2014, détournements d’argent public et multiplication des formations bidon empêchent aujourd’hui d’engager une véritable politique de rupture au service de l’intérêt général. Tracfin va même jusqu’à classer la formation professionnelle parmi les quatre secteurs les plus sensibles au blanchiment de capitaux ! Pour y parer, principes et propositions concrètes doivent se conjuguer.
Pour rendre à la formation professionnelle sa fonction centrale, l’accès à la formation et au conseil d’orientation pour tous et tout au long de la vie doit être garanti. Davantage qu’à la constitutionnalisation d’un droit opposable qui trop souvent ne reste que théorique et sans effet, c’est en l’adossant à un renforcement effectif du droit du travail que l’objectif peut être atteint. Le démantèlement du service public d’orientation dans les établissements scolaires est particulièrement préoccupant, remettant en cause le principe d’égalité des territoires.
Pour rejeter toute forme de marchandisation, cheval de Troie des dérives en cours, il conviendra de sortir du système d’appel d’offre régional pour l’attribution des « lots de formation » pour passer au système du mandatement. Cela permettrait aux Conseils régionaux (mais aussi à Pôle Emploi ou aux plans de l’Etat) de passer des commandes directes aux organismes publics de formation.
Pour la clarté et l’efficacité, la distinction des deux types de formation professionnelle s’avère vitale. La formation à destination des salariés doit être à la charge et à l’initiative de l’employeur qui investit dans l’acquisition de nouvelles compétences. La formation à destination des salariés demandeurs d’emplois doit être financée à la fois par les cotisations d’entreprises mais aussi par les politiques publiques (Etat, Régions). Sortons donc le plan de formation des seules cotisations, car pour l’entreprise il relève avant tout de l’investissement.
Pour renouer avec la logique de service public, la création d’organismes régionaux de formation et d’orientation professionnelle s’impose en utilisant le maillage territorial existant (Afpa, Greta, missions locales, Carif-Oref, Pôle emploi). Elaborer à l’échelon régional une alternative à la balkanisation marchande peut constituer une première étape à un service public national de la formation professionnelle qui doit en constituer la finalité.
Pour parvenir à l’objectif d’émancipation, il devient impératif d’appliquer une stricte conditionnalité pour accéder au statut d’organisme de formation. La formation ne peut pas se résumer à l’acquisition de connaissances ou de compétences ; elle doit être associée à un accompagnement en amont et en aval des formations, d’hébergement et de restauration à prix modiques, d’assistance médicale et sociale et d’animations culturelles. Malheureusement, dans la logique des appels d’offre, c’est toujours le moins disant qui l’emporte et les services associés sont absents des appels d’offre de formation.
Nous entendons donc remettre la formation professionnelle au cœur de tout projet de transformation sociale. La sortir des griffes des marchands est un préalable pour faire des régions un laboratoire des radicalités concrètes.