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Billet de blog 7 juin 2016

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Chronique du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales. Des enseignements à tirer

Francis DASPE, responsable départemental du Parti de Gauche des Pyrénées-Orientales. Il est également Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée.

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En politique, de la posture à l'imposture, il n'y a qu'un fossé facile à franchir. La dernière séance du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales vient d'en donner une illustration supplémentaire.

Romain Grau, leader de l'opposition de droite au Conseil départemental (il serait plus juste de dire un des aspirants leaders…) a reproché à la majorité départementale de gauche plurielle le manque d'investissement en raison de l'absence de recours à l'endettement. « Mourir en bonne santé, c'est toujours mourir », a-t-il déclaré pour justifier ses critiques. Cette formule est l'exacte définition des politiques d'austérité : le dogme de la chasse à la dépense publique s'impose aux réalités quotidiennes vécues par les populations. Le peuple grec peut témoigner de l’implacable dureté du rabot de l’austérité. Les partisans de l’austérité sont bien des émules de Diafoirus, le médecin de la pièce de Molière, qui n’a de cesse de préconiser des saignées jusqu’à ce que le patient ne succombe sous l’effet d’un tel traitement de choc.

Pour l’occasion, difficile cependant de donner tort à Romain Grau... Mais on est en droit de s'interroger légitimement sur la sincérité de Romain Grau. Lui qui défend mordicus les politiques d'austérité imposées au niveau national et européen, lui qui soutient des candidats aux primaires de son parti en vue des présidentielles de 2017 qui se livrent sans vergogne à une surenchère pour montrer qui proposera le plus d'austérité, serait-il subitement devenu un keynésien ? Serait-il un apôtre des politiques de relance économique par l'intervention et la dépense publiques ? Sa posture relève en fin de compte davantage de l’imposture.

Par contre, la cohérence de la posture adoptée par la Présidente socialiste du Conseil départemental, Hermeline Malherbe, doit au moins lui être reconnue. En s’inscrivant en faux contre les critiques de son opposition, elle défend en réalité l'austérité au niveau local. Elle le fait également au niveau national avec abnégation en soutenant un gouvernement qui en fait sa raison d'être, en ne votant pas contre la loi El Khomri, en agissant en parlementaire que l’idée de fronder n’effleure pas un seul instant l’esprit. Elle applique donc à l’échelon départemental la politique d'austérité en écartant l'option de l'emprunt pour relancer dans la mesure des compétences du Conseil départemental l'activité locale. Cette posture, presque martiale, en faveur de l'austérité, est bien une imposture au regard de ce que devrait défendre une gauche authentique, au regard des revendications des salariés qui n'en peuvent plus de l'austérité. De la posture à l'imposture il n'y a bien qu'un pas... Décidément, avec cette gauche évanescente, il n'y a rien à faire ! Ni nationalement ni localement...

Dans ces conditions, la promotion de Nicolas Garcia, responsable départemental communiste, à la vice-présidence du Conseil départemental interpelle quelque peu. Il est en effet indiscutable que les politiques nationales et locales sont intimement liées et s’impactent mutuellement. Molière nous est une fois d eplus d’un grand sécours pour qualifier la situation politique présente : « que va-t-il bien faire dans cette galère ? ». Preuve supplémentaire si besoin était de la connexion entre national et local, on peut établir un parallèle identique avec Pierre Laurent, réélu ce week-end secrétaire national du PCF, qui s'était engagé au début de l'année dans la voie d'improbables primaires de toute la gauche (en y incluant de fait la prétendue gauche qui, faisant passer des vessies pour des lanternes, tente de faire croire que la loi El Khomri serait progressiste). Depuis cette idée de primaires a fait pschitt, éclatant telle une bulle spéculative politique sur les rochers de l’austérité et de la loi El Khomri). Une vraie drôle de galère…

Ce même week-end, à Paris, dans une place de Stalingrad archi-bondée, Jean-Luc Mélenchon lançait la campagne de La France Insoumise, mouvement qui soutient sa candidature aux présidentielles de 2017. Dans les Pyrénées-Orientales, la France Insoumise poursuit inlassablement ses initiatives et popularise la candidature de Jean-Luc Mélenchon.  

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