Francis DASPE est co-délégué régional du Parti de Gauche en Languedoc-Roussillon et militant à Perpignan.
La gestion des parkings municipaux souterrains de stationnement de Perpignan par des exploitants privés permet à ces derniers de réaliser des profits faramineux sur le dos des citoyens et des automobilistes. A telle enseigne que parler de « racket » pour décrire la réalité n’est nullement excessif. En effet, comment qualifier une situation dans laquelle des bénéfices substantiels sont garantis au moindre risque à des entreprises privées au détriment de populations captives n’ayant pas d’autres choix que de passer continuellement à la caisse ? A défaut de conflits d’intérêts qui relèvent d’une autre caractérisation, c’est bien souvent la connivence qui règne dans beaucoup de villes entre les responsables politiques locaux et ces « fermiers généraux » des temps modernes. Le Parti de Gauche fera du retour en régie de la gestion des parkings municipaux souterrains une mesure emblématique de son programme en vue des municipales de 2014 à Perpignan. Changer la donne est largement possible, comme l’a fait avec maestria mon camarade Gabriel Amard dans l’Essonne pour l’eau au terme d’un rude combat non dénué de vilenies : la détermination et la conviction sont les outils suffisants pour vaincre.
Plus globalement, des questions de fond sont clairement posées en filigrane. Une commune comme Perpignan ayant la légitime ambition de jouer le rôle de métropole régionale a le devoir d’accueillir au mieux les populations des communes alentours attirées par la présence de services publics et d’infrastructures commerciales dont elles ne bénéficient pas chez elles. C’est malheureusement le contraire qui est fait. La ville de Perpignan préfère plutôt se barricader en multipliant les entraves à l’accès au centre-ville, exprimant de la sorte une forme d’égoïsme fort regrettable. Les choix faits par la communauté d’agglomération conduisent pareillement à dévitaliser les communes rurales du département, expression d’une autre forme d’égoïsme à courte vue.
Nous plaidons au contraire pour un schéma global de solidarité étendu à l’ensemble du département qu’une municipalité Front de Gauche à Perpignan doit contribuer à impulser en balayant les « chacun pour soi » rabougrissants incompatibles avec la réalisation de l’intérêt général. Nous exprimons à cet égard nos plus fortes inquiétudes concernant la réforme des collectivités territoriales en discussion au Parlement, initiée par Nicolas Sarkozy et à peine modifiée par la nouvelle majorité dans le cadre de l’Acte III de la décentralisation. Elle aggravera la césure entre espaces urbains et territoires ruraux. La mise en place prévue de la conférence territoriale de l’action publique (CTAP) ira en effet mécaniquement dans ce sens, confortant les agissements clientélistes de féodaux locaux, favorisant entre les territoires la compétition et la concurrence au détriment de la cohésion et de la solidarité. En toute hypothèse, elle coïncide avec la nouvelle conception de l’aménagement du territoire. Il ne s’agit plus de réduire les déséquilibres territoriaux, mais de valoriser encore davantage les points forts d’un territoire dans le cadre de la compétition mondiale, en délaissant les secteurs en difficulté pour les abandonner à leur triste sort. Veut-on résumer à court terme les Pyrénées-Orientales à l’expression suivante « Perpignan et le désert roussillonnais » ?
Le retour en régie municipale des parkings souterrains de Perpignan illustre le concept de « radicalités concrètes » que le Parti de Gauche mettra en pratique dans le cadre d’une majorité Front de Gauche. A partir d’un fait politique clairement identifié, il s’agit de dérouler le fil de la pelote pour au final élaborer un projet global alternatif. Le débat doit être éclairé par les enjeux idéologiques sous-tendus par la question : les questions locales s’inscrivent pleinement dans la nécessaire reconquête de l’hégémonie culturelle chère à Gramsci. Avec pour finalité essentielle, changer le quotidien des habitants de Perpignan et des Pyrénées-Orientales, en faisant de la solidarité la règle d’or, la seule règle qui vaille. L’accomplissement de la révolution citoyenne passe par cet objectif articulant le local et le global, le concret et l’idéologie, le quotidien immédiat et la visée à long terme.