De quel symbole s’agit-il ? On nous invite à considérer que notre identité nationale devrait être « sans tâche » ; qu’il faudrait la mériter que tuer et être français sont incompatibles. Mais nos prisons alors ne sont remplies que d’étrangers ? Les terroristes eux-mêmes sont pour la plupart français, ils sont les « produits » de notre société. Une société où la seule idéologie qui survie est le libéralisme.
Toutes ces pratiques libérales et ultra-libérales détruisent les solidarités qui fondent notre république. Et quand notre république n’assure plus les solidarités cela ouvre la porte à toutes les aventures. Roland Gori écrivait dans un article récent : « A l’instar de leurs ancêtres européens de la fin du XIXe siècle et des années 1920/1930, ces néofascismes émergent de la crise et du discrédit des valeurs autant que des pratiques du libéralisme. » Ajoutons d’ailleurs que l’absence de solidarité nourrit également la montée des mafias.
Notre identité française n’est pas faite de repli sur nous-mêmes. La solidarité internationale après le 13 novembre s’est faite, elle, à partir des valeurs de notre république qui sont considérées comme universelles.
J’ai « adoré » l’interview de Patrick Kanner (ministre de la jeunesse) donné le jour où tout le monde pensait que Hollande reviendrait sur cette mesure. Il expliquait qu’il était par tradition en faveur du droit du sol et que donc il n’était pas favorable à la mesure. Oui monsieur le ministre, la république française c’est une tradition d’accueil, une communauté basée sur l’exercice de droits reconnus à toutes et tous dès lors qu’ils sont sur le territoire national.
J’ajoute, en pensant à Edouard Glissant (poète martiniquais), que l’autre n’est pas un ennemi, c’est une source d’enrichissement mutuel. Il ne nous met pas en danger. Il le disait bien mieux ainsi : « je peux changer en échangeant avec l’autre, sans me perdre, ni me dénaturer pour autant ».
La « guerre des identités » découle de l’ultra libéralisme qui s’étend toujours plus sur notre planète. Elle est induite par les pratiques « d’ultra concurrence » imposées par celles et ceux qui dominent ce monde. Combattre cette vision-là du monde est une bataille essentielle de tout projet politique de transformation sociale.
Nous devons convaincre que loin de la concurrence exacerbée, c’est une culture de coopération qui peut mener à la résolution des crises, de la crise écologique c’est évident puisque tous les pays de la planète sont concernés mais aussi des crises économiques sociales et culturelles et des conflits en cours. Et cette coopération suppose de faire de l’autre un partenaire.
Si nous ne menons pas cette bataille, ce sera une nouvelle défaite idéologique, une nouvelle victoire du FN que l’attitude de Hollande et de son gouvernement ne font que conforter chaque jour.
Les attentats devraient nous servir pour 2016 et 2017 à comprendre que nos concitoyens ne sont pas que des homos-économicus. Ils et elles sont aussi à la recherche des valeurs qui fondent l’humanité, leur humanité. En parler suppose dans ce cas de débattre des symboles qui délimitent notre imaginaire commun et pas seulement – une fois de plus – de « quantifier » ce que serait telle ou telle mesure en terme d’efficacité.
28/12/2015
Francis PARNY