Avant de développer, je tiens à préciser que le combat que mène Mediapart est juste et nécessaire quand il poursuit le but de savoir si B.Tapie, dans le cadre de "l'affaire ADIDAS" aurait pu bénéficier "d'amicales assistances" de la part du Gouvernement Sarkozy pour favoriser un arbitrage, voire l'imposer ou encore en "arranger" les conclusions, si cela est avéré par la Justice, la confirmation d'un véritable scandale d'Etat et la condamnation des coupables, permettra enfin aux citoyens de ce pays de retrouver confiance dans les valeurs de la République.
Cependant je trouve malsain voire quelque peu nauséabond la focalisation et l'acharnement dans cette afaire sur B. Tapie. Je m'explique, Tapie, personnellement en tant qu'individu avec son histoire ne m'interesse pas. Que l'on pousse des cris d'orfraie pour dénoncer qu'il soit inadmissible que les contribuables français aient dû régler plus de 400 millions d'€uros à B.Tapie, on peut le comprendre ; mais c'est à la justice de dire le droit.
Aussi j'invite Médiapart à prendre un peu de recul et dire, répéter, démontrer que le véritable scandale est celui de la gestion du Crédit Lyonnais entre 1970 et 1994. L'Etat français, et son administration avaient la responsabilité du contrôle de cet établissement public. Acculé à la faillite, afin d' éviter la défaillance de cet établissement ( déjà) l'Etat va mettre en place une "bad Bank" ( l 'EPFR) et le CDR , société de droit commercial ( structure juridique en SAS) chargé de réaliser les actifs douteux. Au final un coût pour le contribuable qui se révélera être de plus de 20 000 millions d'€uros (vingt Milliards d'€uros) le plus grand scandale financier français de tout les temps. Les 450 millions de Tapie représentent au final ...2,25 % du total du sinistre ce qui lui vaut l'honneur d'être qualifié de " Scandale Tapie", oublié le scandale du Crédit Lyonnais.
Envisageons, maintenant avec un peu d'imagination qu'il n'y eu pas d'affaire Adidas .Le scandale du Crédit Lyonnais demeurait et le contribuable devra rembourser malgré tout, plus de 19,5 Mds d'€.
Divaguons un peu plus, Tapie avec l'aide de la SDBO à bien acheté ADIDAS et veut le revendre, le Crédit Lyonnais fait le même montage avec le Groupe Dreyffus tout en jouant le jeu avec son client Tapie en affichant la vrai valeur d'achat 4,4 Md retenue!
Tapie recevait sa part, plus d'affaire ADIDAS, pas de défaisance de la famille Tapie, pas de problème d'arbitrage, ni 13 millions € d'honoraires d'avocats, frais de justice et expertise, et autre arbitrage, en près de 15 années de procédure, dont on ne parle presque jamais, même à Médiapart. Gageons que les nouvelles péripéties judiciaires vont encore alourdir l'addition. Tout le monde est content.
On peut remarquer que dans cette affaire le Credit Lyonnais pratique deux poids,deux mesures dans la gestion de la défaisance et c'eut été honorable ici de le dénoncer voire d'investiguer d'avantage. Tout d'abord à l'égard de M. Dreyffus, le Crédit Lyonnais prête les fonds pour entrer dans le tour de table à un taux anecdotique ( Dreyffus sera la caution industrielle qui permettra l'introduction en bourse condition de réussite du portage) le CL rachète dans les conditions que l'on sait, Adidas au prix convenue avec Tapie tout en demandant à Dreyffus de la lui racheter dans l'année qui suit au double du prix convenue soit 4,4 Mds de francs, ici aussi le CL prêtera à l'acquéreur ( M .Dreyffus) la somme nécessaire afin de réaliser la vente et ce dernier remboursera le CL après l'introduction en Bourse quelques mois plus tard pour 11 Mds de francs. Dreyfuss revendra ses parts deux ans plus tard avec un gain de plus de 2,5 Mds d'€uros sans débourser "un rond" comme on dit par chez nous.
Deux poids deux mesures également quand le consortium de réalisation se défait des participations qu'il possède sur les « cadors » du CAC 40 le premier et de la Bourse en général « a passer à la caisse » comme le dira Olivier Toscer dans son livre « Argent public, fortunes privées » est un autre Bernard, Bernard Arnaud qui rachétera les 5,85% détenu par le CDR à 296 francs par action qu'il revendra deux mois plus tard à 475 francs plus values pour notre entrepreneur mythique plus de 60 millions de francs défiscalisés. Suivra M .JC Naouri ( Casino) qui rachètera les parts que le CL bis détient dans ses affaires 67 millions d'€ de moins que ce qui est inscrit dans ses comptes du Consortium, vient ensuite M. Pinault qui rachètera les parts détenues par le CDR. 300 millions d'€ . de perte sèche pour le consortium et pour le contribuable autant de gain pour le poulain de Chirac. Un an avant MM. Pinault et Peyrelevade s'etaient mis d'accord sur le rachat par M. Pinaultd des 25% des parts de la Financière Pinault, holding de tête du groupe, que détient le CL. Valeurs 1,5 Mds de francs que l'industriel récupérera sans débourser un centime, comme d'habitude le crédit lyonnais avance l'argent à l'acquéreur sous la forme d'un prêt qui ne sera jamais rembourser en monnaie sonnante et trébuchante mais seulement action de sa société Artémis avec les conséquence qu'on connait avec l'affaire "executive life" combien cela a t-il couté aux contribuables?
Bien sur, avec l'affaire Tapie et dans les conditions de ses conclusions actuelles, on tient là peut être la possibilité de démontrer qu'un monarque élyséen en ce XXI ème siècle comme ses illustres prédécesseurs de droit divin ait pu in fine trancher en faveur de son "favori" Cela reste à démontrer, la justice doit suivre son cours. Espérons que nous serons un jour la vérité. Mais les « princes » de la République au sommet de l’État n'ont-ils pas, dans le scandale financier du Crédit Lyonnais, jamais cessé de favoriser leur « favoris » ?