Sarkozy et Mme Parisot avait bien essayé voilà un peu plus d' an, juste avant les Présidentielles, de lancer le débat sur la Compétitivité par le coût du travail ( j'avais à l'époque écrit alors le papier suivant … ici même.) Certes ce lancement fut laborieux et contreproductif pour le Président-Candidat, mais le vers était dans le fruit. La pièce était jetée en l'air. Qui la reprendrait avant qu'elle ne chute à terre ?
Ce fut Hollande et celui ci, comme l'autre, n'a pas l'intention de la remettre dans sa poche. Et donc, voici qu'après la "vertueuse Austérité" servit en entrée de son menu-programme, il déroule aujourd'hui le plat principal « la compétitivité par le coût du travail » D'abord en demandant à L.Gallois un rapport sur le sujet puis devant 3000 patrons ilen réaffirma le principe et voilà qu' aujourd'hui l'AFEP puissant lobbying du MEDEF en remet une couche.
Voir aujourd'hui la gauche socialiste au pouvoir reprendre ce débat à son compte aussi vite et sous la pression du MEDEF quelle surprise! Mais aussi quelle tristesse! Le sujet n'était pas, ou alors à peine en filigrane, dans le programme présidentiel de notre nouveau maire du Palais, Hollande 1ère-le Moû ! De là a en faire une priorité, diable que se passe t-il ?
L'urgence d'un tel débat, alors que le Plan d'austérité socialiste démarre est effectivement peu appropriée. Tout les économistes ( voir l'article de J.Sapir sur son blog) savent que ce plan n'atteindra pas son objectif (qui est de réduire le déficit et la Dette pour rassurer les marchés et sauvegarder notre souveraineté, qu'on a plus dixit M. Draghi « j’en suis certain : si nous voulons restaurer la confiance dans la zone euro, les pays devront transférer une partie de leur souveraineté nationale. Les gouvernements ont déjà pris des mesures qui auraient semblé impensables il y a un an. C’est un progrès mais c’est insuffisant... Plusieurs gouvernements n’ont pas encore compris qu’ils ont perdu leur souveraineté nationale il y a longtemps. Parce qu’ils sont lourdement endettés, ils sont maintenant dépendants du bon vouloir des marché financiers ».) au regard des effet récessionnistes qu'une telle politiqueentraine, sans compter amplification par le fameux « coefficient multiplicateur » qui plongera d'avantage la croissance, le déficit et la Dette...
Pour le Patronat et plus précisement pour L'AFEP il y a donc urgence au point d'ajouter d'avantage d'austérite à l'austérite déjà programmée et Hollande et son gouvernement même en nuançant les propos les voici prêts à tendre une oreille attentive.
Rappel de quelques évidences ;
L’industrie française n'est pas bien portante, pour ne pas dire en déliquescence. Quelques entreprises françaises parmi les 500 plus grandes du secteur industriel ( je dirais moins de 40%) ont (ou auraient) un potentiel de développement intéressant (en partie parce que sur des niches industrielles innovantes tant sur le plan technologique que dans leur management) Certaines ont des positions de leader sur leur marché. Ce n'est malheureusement pas le lot pour les 60% restantes.
Pour les autres entreprises industrielles ( TPE,ETI,PME) elles sont fragilisées par des Bilans peu engageant et elles sont fortement soumises à la concurrence. C'est le cas pour quelques milliers de TPE (Toute Petites Entreprises) qui osent l'exportation mais aussi pour la quasi totalité des ETI (Entreprises de Tailles Intermédiaires) Bref , l'essentiel des entreprises françaises est soumises aux rudes lois de la concurrence d'abord avec ses partenaires européens même si, il faut relativiser, peu d'entre réalisent un chiffre d'affaires à l'exportation significatif ( moins de 25% d'entre elles)
Leur point commun. Elles souffrent toutes d’un manque de Fonds propres, donc de capacité d'emprunter ( corrélé aux fonds propres) pour se développer et avoir les moyens de leurs ambitions, en clair pouvoir emprunter suffisamment pour réaliser leur stratégie gagnante. Leur trésorerie bien souvent est négative ( corrélée aussi avec les Fonds propres ) impactée bien souvent par un crédit inter-entreprises important et dangereux, mais qui font le bonheur de leur Banquier au détriment de leur Bénéfice!
Autre considération qu’un macro économiste par définition ne peut pas appréhender (ou si peu les lunettes n’étant pas de même nature)- le tissus industriel français est en grande majorité composé de sous traitant pour de grands donneurs d’ordre qui sont pour la plupart des firmes multinationales du CAC40 ou des quelques 250 plus grosses entreprises françaises. Une grande partie autour du secteur de l’industrie automobile! Alors que les Allemands sont depuis toujours sur des filières diversifiés comme la machine outil, l’imagerie médicale ou autres niches d’innovations technologiques avec des pratiques "culturelles" de co-gestion et de synergies territoriales depuis plus longtemps qu'en France. Bref, les entreprises françaises sont souvent peu diversifiées et surtout pas “armées” financièrement pour exporter!
J’ai passé 30 ans de ma vie auprès des entreprises comme consultant à travers le territoire, je sais de quoi je parle et je suis retiré de la vie active depuis peu ( çela m'étonnerait que le paysage se soit fortement modifié, depuis)Les quelques entreprises françaises,fleurons national , environ un millier, se répartissent ainsi : A peine 128 ( on y trouve les entreprises du CAC 40, avec 1milliards et plus de Capitalisation (compartiment A) 156 dans le compartiment B ( entre 150 millions et 1 milliard de Capitalisation) 346 sur le compartiment C (capitalisation inférieure à 150 millions) Soit 630 entreprises sont sur des marchés très réglementés. Enfin environ 350 entreprises sont sur le marché « libre » moins réglementé. Le point commun de ces entreprises et la recherche d'une optimalisation de la valeur actionnariale, qui ce fait bien souvent au détriment d'une stratégie industrielle gagnante, comme à l'exportation par exemple.
Voilà le tableau auquel il convient d'ajouter un argument majeur, Le patronat français dans sa grande diversité qu'on le veuille ou non, a une « mentalité d'assisté ! »
L’industrie française bénéficie depuis plus de 30 ans et en continuelle progression de subventions ainsi que d’une colossale masse de niches fiscales et sociales, sans oublier les anciennes niches déclassés devenues des dépenses fiscales courantes. En effet, les gouvernement CHIRAC et SARKOZY ont pendant plus de 10 ans, crée puis déclassé des centaines de niches qui sont devenues des dépenses fiscales.courante pour l'Etat ! La cours des comptes avait en 2011 estimé le montant à 180 milliards € entre les niches fiscales et sociales en année pleine ! Hollande et son gouvernement y toucheront à peine ( moins de 6%)
Dés lors dans ces conditions comment expliquer que l' Industrie française soit si peu compétitive, aurait -elle mal utilisé de cette manne considérable pour améliorer sa compétitivité ou bien l'a t-elle bien utilisé mais uniquement pour accroitre les profits des actionnaires ? Poser la question c'est y répondre.
Aujourd’hui,le MEDEF, et son puissant groupe de lobbying l' AFEP, réclament à corps et à cris un choc de compétitivité par le coût du travail, et voilà que M. Gallois doit en convaincre F.Hollande dans un rapport que personne n'a lu mais dont tout le monde politico-médiatique connait la conclusion: Nos Entreprises ont besoin d'un choc de compétitivité!
Le Patronat en France a cette particularité depuis toujours de croire que les aides sont indispensables à la bonne santé de leurs entreprises mais surtout à leurs profits. Le Travail coûte bien trop cher ! Et plus particulièrement les charges sociales patronales. Dés que le Patronat fut « obligé » ( sous la pression des salariés) de « cotiser » à une caisse pour les accidents du travail au début de l'ère industrielle, c'était déjà trop et surtout cela menaçait la survie de leurs entreprises.
On mesure le coût du travail par ; les salaires + charges. En fait le vrai calcul de l'INSEE est celui ci; les salaires +charges+taxes – subventions ( c.a.d, ce qui comptablement est appelé "subvention") A cette formule, je pense qu'il faudrait alors déduire les Dépenses fiscales et sociales dont l'Entreprise bénéficie. On s’apercevrait alors que le coût du travail en France n'aurait pas à rougir par rapport à celui de l'Allemagne. Laquelle reste pour nos politiques le modèle à copier même il est bon de le rappeler que la productivité du travail en France est supérieure à notre voisin tant admiré.
Il a été suffisamment démontré et argumenté par plusieurs économistes que le “miracle Allemand” de ces 10 dernières est du a une compétition déloyale basée sur une politique de déflation salariale au détriment de ses partenaires européens et que les Traités "interdisaient! Même si, à juste titre, il est bon de corriger du fait que le “tissus industriel” allemands avait des bases solides d'entreprises intermédiaires plus importantes que chez nous. Combiné à cela, la Politique masochiste d’un franc surévalué d’environ 30% conduite par la Gauche comme la Droite, depuis le SME jusqu'à l' €uro, pour soit disant réaliser " la chimère européenne" Cette combinaison a contribué largement aux résultats actuelsdu déclin observé depuis, du poids de l'Industrie française dans son PIB, 13 % pour la France contre 24% pour nos voisins allemands, alors qu'il y a encore 20 ans nous étions au même niveau !
Le bilan est donc sans appel la France a perdu la moitié de son secteur industriel en 20 ans! Celui qui reste et qu’on veut rendre plus compétitif par le coût du travail n’est plus en mesure de lutter efficacement et surtout rapidement contre certaines entreprises nord européenne, principalement Allemandes qui n'ont pour la plupart pas de concurrentes françaises et même du sud comme certaines italiennes voire espagnoles. Ce sont des faits.
Alors, les entreprises françaises, encore concurrentielles, seront-elles mieux armées pour lutter à armes égales quand l’Europe et la plupart des pays développés entrent en récession ou en stagnation? C'est pas malade que l'on va briller aux J.O!
A l'évidence non, une entreprise en bonne santé ( comme le sont la plupart des entreprises outre- rhin) résistera toujours mieux car plus réactive et capable de mobiliser plus de moyens, qu’une entreprise en moins bonne santé, comme le sont la plupart des entreprises françaises dans le même secteur d’activité!
Petit rappel de quelques faits économiques; La France exporte pour près de 435 MDS d’€ ) Elle a un déficit commercial de 70 milliards €uros ( l’Allemage, elle a un excédent de plus de trois fois supérieur à notre déficit en valeur absolue!)
90% du déficit français est réalisé au travers des échanges avec, la Chine, l Allemagne, la Belgique et la Russie et les USA très peu hors UE,
50 % du déficit commercial de la France est du à la facture énergétique et si l’on rajoute l’automobile on frôle les 60%!
Non décidément, navré de décevoir beaucoup de Monde, la compétitivité des entreprises françaises ne s'améliorera pas par le coût du travail, ce qui vraisemblablement s'améliorera par un choc de compétitivité par le coût du travail, ce sont leurs profits !
L'histoire industrielle de ce pays, c'est construite sur le pillage de bien nationaux ou de deniers publics! La plupart des grandes entreprises industrielles françaises depuis la fin de la guerre se sont développés sous “ l’aile d’entreprises nationales ” ou faisant l’objet de soins attentifs des différentes politiques de Planification d'après guerre. C’est le cas De TOTAL ( avec ELF ) Le cas de GDF – Suez ( à partir de GDF) le cas aussi d’EADS (avec l’aéronautique française) MITTAL (avec la sidérurgie rachetée dans un état lamentable proche de la faillite à prix d’or à la famille Wendel et dans lequel l’Etat à englouti ensuite des milliards dans SACILOR pour enfin céder le tout à MITTAL pour le franc symbolique) ou encore SANOFI ( avec Pasteur) etc…
Le comble aujourd'hui, certaines de ces entreprises ne sont plus pour la plupart des entreprises de droit français mais néerlandais, suédois, luxembourgeois, etc...Et font le pied de nez à la France. Elles sont gérées capitalistiquement parlant ( c'est à dire que le pouvoir de gestion et le pouvoir de répartition sont concentrés dans les mêmes mains) par des milliardaires comme par exemple MM. Albert Frêre( Belge) et P. Desmarais (Canadien) ces deux familles gèrent TOTAL, SANOFI ( en alternace avec l'Oréal), GDF SUEZ, Laffarge, Pernod-Ricard) ou encore Bouygues et Dassault, Bolloré et Pinault bien souvent ses milliardaires ne possèdent même pas 10% du Capital et le ponpon à la BNP et AXA qui par une participation croisée gère entre gentlemen un des plus grand groupe bancaires et d'assurance du monde.
L plupart de ces entreprises ont eté “bradées” à leurs actuels propriétaires par des gouvernement de gauche et de droite, pour les entreprises mentionnées plus haut nous le devons à MM Chirac, Balladur Sarkozy.A la manœuvre ces politiciens certainement y ont-ils trouvés leur compte mais certainement pas la France.
La Gauche n'est pas en reste, elle qui permit par exemple à B. ARNAULT, avec seulement 70 millions de francs en 1984 de fortunes personnelles de racheter l’empire Boussac pour le 1 franc symbolique et sous les hospices bienveillant mais pas désintéressés d'un Antoine Bernheim de la Banque LAZARD ou encore la générosité du Crédit Lyonnais fraichement « nationalisé » de bâtir, à travers son groupe de luxe LVMH une fortune personnelle de plusieurs milliards d’€uros. Qu’il n’a eu de cesse, cela va de soi de développer et de mettre à l’abri ( sa fortune!) Bien moins, bien sur qu'il n'a développé les emplois et les salaires de son groupe .
La famille LAGARDERE doit aussi sa fortune à la Gauche qui sous le prétexte d'un pôle avionique européen, lui « refile » dans des conditions de bradage excessif, l'Aréospatiale puis EADS....Sans parler de la Comète Jean marie Messier et de son réseau de relation ministériel!
Depuis près de 30 ans avec la libéralisation financière les gouvernement successifs ont co-optés certains de leurs ministres, des responsables de cabinet, ou encore les oligarques du corps de l'ENA , de Polytechnique, de Bercy (Trésor, Finance et APE) celui des Mines... Ils trustent moult Présidence de conseil d'administration ou de surveillance, entre autre du petit millier d'entreprises évoqués plus haut et siégent dans leur centre de Direction...comme ils tronent dans lles 10 meilleurs salaires de l'entreprise. Ce sont ces mêmes personnes aujourd'hui ( si l'on compte une moyenne de 10 personnes par centre de direction, on arrive au 1% les plus riches!) ceux la même qui se plaignent que les impôts, pour eux comme pour leurs entreprises sont trop élévés ! Ceux la même qui placent leur « pognons » auprès de banques « Too Big to Fail » ou dans leur filliales dans les paradis fiscaux et qui exigent toujours plus de « rentes » pour leur placement en particuliers dans les obligations d'Etat quand les Obligations d'Etats sont à 3% et plus c'est bien pour eux ! Où placeraient-ils leurs excédents, certainement pas chez Madoff !
Et dire que F. Hollande qualifiait « de plus grand ennemi, cette finance invisible »
En fait, invisible pour celui qui ne veut pas y regarder trop près...