On commençait à peine à retrouver le moral à la City que les marchés dépriment à nouveau. Il faut leur reconnaître que les temps sont durs : montée des prix, augmentation des taux de la BCE, retour du chômage, ça fait beaucoup. Mais les temps ont changé, ce n'est plus la finance qui entraîne le monde dans sa chute mais le réel qui plombe la finance. Monde de virtualité, les marchés avancent aujourd'hui au risque du réel.
Après la pluie... la pluie
Le plus gros de la crise financière est certes passé, mais les pertes à venir sont aussi importantes que celles que viennent de subir les banques. Mais elles s'étaleront sur deux ans et seront donc moins visibles. Reste que maintenant c'est au tour de l'économie d'entrer dans des périodes mouvementées. Les activités financières traditionnelles seront donc moindres : moins de fusion-acquisition – dont les équipes ont subi une réduction drastique ces derniers temps – moins de prêt, de titrisation et autres activités de marché. Les produits financiers pour se protéger des risques devraient par contre fleurir, même s'ils susciteront la méfiance des acheteurs pour un moment encore.
Quant à la Bourse, cette Pythie moderne de l'économie, elle réagit aux moindres déclarations et nouvelles macroéconomiques. Car maintenant, le sort de la finance est lié à celui de l'économie mondiale, ou plutôt de la macroéconomie. Une baisse de régime se traduira pour elle pour une baisse d'activité. La finance redescend sur terre, son évolution sera tirée dans les prochains mois par l'économie réelle.
Banqueroutera, banqueroutera pas ?
Connaissez-vous les CDS ? Greenspan en parlait avec une certaine délection dans son autobiographie, comme des avancées extraordinaires, des microrégulateurs fantastiques, etc. CDS, comme Corporate Default Swaps. En gros, c'est une assurance contre le risque de défaut de paiement des entreprises. Je peux souscrire à un tel produit lorsque j'achète l'obligation d'une entreprise : si cette dernière fait faillite, je suis plus ou moins remboursé. Cela permet notamment aux marchés de détecter les entreprises qui ne vont pas très bien. Ce sont des outils d'autorégulation du marché. C'est aussi un marché de 47 trillions de dollar où l'on peut parier sur la faillite prochaine ou non des entreprises.
Mais, si, l'économie se montrant un peu pâlichonne, les défauts de paiement se multiplient, ce juteux marché risque de souffrir et les banques avec lui. La crise n'est donc pas finie, elle prend de nouveaux visages et si l'on veut encore se faire peur, on peut toujours lire l'interviex de George Soros, le spéculateur qui avait mis à genou la Banque d'Angleterre au début des années 90 : ici (en anglais) !
Franck Lirzin