Ce matin encore, le ciel est gris a Londres et la City peine a reprendre son souffle. Apres Freddie et Fannie, voici les frères Lehman, et les paris vont bon train sur leur faillite prochaine. Mais parfois il semble plus important de perdre son pari que de le gagner.Serial sadnessLes grues qui devaient construire les nouveaux gratte-ciel de la City ressemblent aujourd’hui a des vieilles carcasses. Aucune ne bouge et de ces tours magnifiques qui devaient parachever la réussite éclatante de la City rien ne sortira sans doute. L’ambiance est morose, non plus tant inquiète que résignée, et chaque bonne nouvelle est accueillie comme la parole du Messie, presqu’avec désespoir, avant de retomber ensuite.Le sauvetage in extremis de Fannie et Freddie aurait du rallumer les ardeurs financières, mais non. D’abord, ces milliards pour renflouer les deux rehausseurs sont empruntes directement aux citoyens américains et n’augure donc rien de bon pour le déficit budgétaire américain, déjà très mal en point. Et puis surtout, on apprend que les banques avaient mise massivement sur la disparition des deux compères, par CDS interposes, et qu’en perdant leurs paris, elles perdent des milliards.Mauvais parisLes CDS ? Les Credit Default Swap. Sorte d’assurance contre le non-paiement d’une dette. On s’en sert pour voir si ce que le marche pense de la probabilité d’une faillite prochaine. Avant l’effondrement de Bear Stearns, son CDS avait crevé les plafonds – tout le monde savait qu’elle allait boire la tasse. Et aujourd’hui, c’est le CDS de Lehman qui explose – et dépassé celui de Bear Stearns a son pire moment. Si on croit que les marches ont quelques dons de divination, alors on peut prédire que Lehman fera faillite très prochainement.Leur projet de vendre leurs actifs immobiliers et de mettre en orbite certaines filières n’a convaincu personne. La banque va devoir virer des milliers de personnes – des rumeurs disent la moitie des effectifs. Ce qui veut dire fermer la plupart des activités – qui de toute façon tournent plus qu’au ralenti depuis des mois. Et perdre ainsi tous les talents, les compétences, ce qui fait la substance des banques. Bref, s’autodétruire pour sauver la face – le rire du condamne a mort. Ca ne sent pas bon.Les banques dominosApres Bear Stearns, Lehman ? La 4e banque d’affaire des US. Et ensuite ? Merril ? puis Morgan Stanley ? Et pourquoi pas JP Morgan ? Mais alors, on pourrait vraiment dire que c’est la fin du système financier américain – voir plus.En attendant, les banques allemandes se rachètent les unes les autres, Postbank devant passer bientôt dans de nouvelles mains. Les banques anglaises essaient de respirer quand elles peuvent, les françaises vont la roue en attendant la fin de l’orage. Natixis boit la lie, nous rejouant la fable de la grenouille qui avait voulu se faire bœuf. Avec l’économie qui ralentit, les banques d’affaire auront moins de travail, les bourses qui tombent vont plomber les gestionnaires d’actifs, les consommateurs a l’esprit chagrin ne mettront plus leur argent a la banque. Et les banques vont essayer par tous les moyens d’attirer leur épargne : en proposant des taux faramineux, 6% ou 8% ici a Londres déjà. Bientôt en France ! Plus le taux est haut et plus la banque a besoin d’argent et se porte couci couca. Bon, rien ne va pour les banques, et après la crise des subprimes, elles subissent a leur tour la baisse de régime de l’économie, elles paient pour des CDS infructueux et ne parviennent même plus a attirer les capitaux des pays émergents – qui ne se portent plus très bien non plus. Alors ici a la City, le moral n’est pas bon et chacun connait au moins une personne – voir des dizaines – qui a perdu son travail. Alors non, la rentrée s’annonce mal et les bourses devraient continuer de descendre.Espoir !Mais, l’espoir reste car tout le monde sait qu’une crise a toujours une fin. Et que le soleil reapparaitra un jour dans le ciel gris de Londres. Un jour.
Billet de blog 11 septembre 2008
La City n'a plus le moral
Ce matin encore, le ciel est gris a Londres et la City peine a reprendre son souffle. Apres Freddie et Fannie, voici les frères Lehman, et les paris vont bon train sur leur faillite prochaine. Mais parfois il semble plus important de perdre son pari que de le gagner.
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