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Billet de blog 14 août 2008

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Russie, case départ

Une guerre éclair en Géorgie, un gouvernemnet bicéphale, une capitale la plus chère du monde et une envolée de ses profits pétroliers, l'actualité russe est à la hauteur de son passé riche en couleurs. Derrière les chiffres économiques transparaît l'image d'un pays blessé qui veut faire revivre ses rêves de grandeurs.

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Une guerre éclair en Géorgie, un gouvernemnet bicéphale, une capitale la plus chère du monde et une envolée de ses profits pétroliers, l'actualité russe est à la hauteur de son passé riche en couleurs. Derrière les chiffres économiques transparaît l'image d'un pays blessé qui veut faire revivre ses rêves de grandeurs.

Russie, retour à la case départ

Une amie russe me décrivait un jour les conditions dans lesquelles vivaient les moscovites : loyers exorbitants, inflation, des conditions proches de la pauvreté. D'un autre côté, je lisais récemment que jamais la Russie n'avait été aussi riche. Contraste frappant. La Russie s'affiche maintenant dans les BRICs, ces pays que leur ascension récente a remis sur le devant de la scène et les présente comme "les pays de l'avenir". Il faut dire que la Russie revient de loin. En 2008, elle aura le même PIB qu'en...1989 (chiffres FMI).

Après la chute du régime communiste, le système économique s'est senti mal. La libéralisation à outrance s'est révélé négative et la Russie a connu pendant une décennie une récession continue. Rien à voir avec la récession des Etats-Unis qui, selon les économistes, ne devrait durer que quelques mois. Et cette lente descente aux Enfers s'est achevée dans la crise du Rouble en 1998. A partir de ce moment-là, le président Poutine a repris l'économie en main et lui a donné le visage qu'on lui connaît aujourd'hui.

C'est une économie à deux pieds : d'un côté des ressources naturelles en abondance, notamment en Sibérie, et de l'autre des monopoles d'Etat qui les exploitent, Gazprom en étant l'exemple le plus fameux. Il y a aussi les chemins de fer Russian Railway, la banque Sberbank ou la RAO UES pour l'électricité. Avec l'envolée du prix du pétrole et des matières premières, les profits de ces monpoles se sont envolés et expliquent près de 50% de la croissance russe de ces dix dernières années. Avec un taux de croissance élevé, la Russie est revenu à son niveau de 1990.

Mais où est la richesse ?

Mais, mon amie russe vit toujours dans des conditions difficiles et ne semble pas avoir vu beaucoup de retombées de ces profits mirobolants. Certes les chiffres officielles montrent une diminution de la pauvreté, mais elle reste très élevée. L'argent a surtout permis à la Russie de rembourser ses dettes (entièrement remboursée en 2006), puis à regarnir les réserves de devises étrangères. Mais, la richesse a été peu redistribuée ou réinvestie. En revanche, la masse monétaire n'a cessé de croître, alors que l'inflation était déjà haute, et elle devrait atteindre 15% cette année. Car, si le pétrole se trouve en abondance en Russie, les russes doivent tout de même le payer aux prix du marché mondial - ce qui pourrait inciter certains à fermer un peu leurs frontières, surtout en ces temps de retour au protectionnisme.

Et le fait que Moscou soit la ville la plus chère du monde n'est sans doute pas étranger au fait qu'elle est le principal centre économique du pays, là où vont tous les capitaux. Sans doute pas non plus étranger au fait que la population moscovite ne peut plus, dans sa majorité, se payer de nouveaux logements. Inégalités croissantes donc.

La croissance des dix dernières années a donc permis à la Russie de redresser son économie, au prix d'inégalités croissante et d'un manque de transparence et de concurrence sur certains marchés. La Russie se retrouve donc sur la case départ, et il lui faut maintenant jeter les bases d'une économie plus diversifiée, moderne et de long-terme. La crise économique qui s'annonce globale peut remettre en cause cette transformation et l'on verra alors si l'économie russe héritée de Poutine pourra tenir le coup, surtout si les prix du pétrole continuent de baisser.

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