Mazette, encore raté ! Pour la troisième fois, un peuple dit non aux nouveaux projets de l'Union Européenne. Mais le plus grave dans tout cela est que ce « non » ne changera rien finalement. Il y a aura certes une crise politique, mais concernant l'économique, tout continuera comme si de rien n'était.
L'UE
Une fois n'est pas coûtume, je parlerai un peu de politique. Il faut dire qu'à l'annonce des résultats du référendum irlandais, l'Euro s'est effondré soudainement. Les marchés anticipent que ce « Non » n'est pas bon pour l'avenir européen, ils ne sont pas les seuls. Car on pense que le « non paralysera l'UE et que plus rien n'en sortira ; la réalité n'est pas si simple, car derrière la façade politique, les choses avancent, et rapidement, l'intégration se fait dans les coulisses, et ce n'est que la scène qui est en crise.
L'Union Européenne est née par l'économie il y a cinquante ans et n'en est toujours pas sortie. Le développement des échanges économiques entre les pays européens rend nécessaire une certaine coordination. Prenez le cas des normes : comment éviter de produire des boulons de x mm pour la France et y pour l'Allemagne – ce qui est pénible ? Réponse : faire une norme qui définit une bonne fois pour toute la taille réglementaire. Les normes, qui sont aujourd'hui myriades, représentent un immense travail des industriels et autres pour normaliser leurs activités et faciliter leurs échanges. L'Union Européenne offre un cadre avantageux pour ce genre de discussion, mais elle n'est pas non plus une condition sine qua non.
Plus généralement, l'UE est un cadre pour l'intégration des marchés, pas une fin. Et, ça marche plutôt bien, disons cahin cahan, mais, comme tout cela est une nécessité, un besoin, ça se fait. Autrement dit, quelles que soient les institutions européennes en place, ce genre d'intégration économique se fait, d'une façon ou d'une autre. Le problème est que s'il est trop compliqué de passer pour cela par les institutions européennes, l'intégration se fera à côté, en parallèle. L'Union Européenne est aujourd'hui un immense aéropage d'institution de coordination et d'intégration qui en réfèrent plus ou moins aux institutions européennes principales.
Le Traité Européen, au fond, c'est juste une sorte de reconnaissance d'un état de fait, un encadrement de l'économique par le politique, ou plus exactement une légitimation démocratique du fonctionnement actuel.
Un non
Le plus inquiétant dans cette succession de « non » n'est pas ce refus en tant que tel, mais le fait que l'on « veuille faire » comme s'il n'y avait pas eu de non. On demande aux gens de voter, certes, mais de voter oui ; s'ils votent non, tant pis, on fera comme s'ils avaient voté oui. Car finalement, que ce soit oui ou non, l'UE continuera de fonctionner comme avant, un peu plus difficilement peut-être. Et les dirigeants politiques européen risquent même de n'avoir plus l'opportunité de mener une certaine intégration politique. En niant le « non », l'UE s'expose à perdre une partie de sa crédibilité politique : elle semble dire que le processus d'intégration n'a pas de légitimité démocratique, mais qu'il doit se poursuivre quand même. On verra ce qu'il est en vraiment.
Franck Lirzin