Si l’économie chinoise est florissante, son système bancaire et financier n’a pas la même vigueur. Hérité d’un système rigide, il peine à soutenir l’industrie et sa fragilité pourrait menacer à terme la croissance chinoise. Peut-être même dès que les JO seront finis.
Communisme financier
Il était une fois un pays communiste qui voulait devenir capitaliste. Il insuffle un vent de croissance sur son économie, qui se met à fleurir. Mais comme toute fleur, celle-ci a besoin d’eau et beaucoup. Le problème est que le système d’irrigation est resté le même, ou presque. Et les fleurs se mettent à dépérir. Cette fable pourrait bien entrer l’histoire de l’économie chinoise.
Le système bancaire chinois est hérité de la période communiste. L’Etat le contrôle de près, même s’il lui donne de plus en plus de libertés. La transformation vers un système financier moderne, qui permette d’allouer efficacement les ressources et de faire circuler l’argent, cette évolution est lente. Il faut aller contre les habitudes et ne pas lâcher les brides trop vite pour éviter les dérives. C’est donc graduellement que l’Etat chinois transforme son système financier en un système moderne, plus lentement que l’économie.
Et ça ne marche pas toujours. La création d’une bourse – l’une des sept merveilles du monde capitaliste – était un évènement, mais s’est rapidement traduite en bulle (merveille) et chute (désespoir). Aujourd’hui encore, la bourse de Shanghai reste instable et finalement assez peu utilisée. Les bourses de Hong Kong ou Singapour restent les principales. Plus anciennes, plus modernes, plus expérimentées, elles sont la plaque tournante de la finance asiatique, au grand dam de Shanghai.
Le fonds souverain et les investisseurs
D’un coté, il y a le fonds souverain chinois, des milliards dans les poches, qui rachètent les entreprises affamées de Wall Street ; de l’autre, les fonds de pension américains à la recherche de rendements qui investissent massivement en Chine, au coté des multinationales qui implantent leurs filiales. Autre point de vue : l’argent chinois qui va aux US, l’argent américain qui va en Chine. Et pourquoi l’argent de ses deux pays ne resterait-il pas chez lui ? Apres tout, avec des taux d’épargne de plus de 40% en Chine, il y aurait bien de quoi financer les investissements.
Justement non, et ce qui apparaît comme un signe de succès de l’économie chinoise (son fonds souverain richement garni) est en fait un signe de la faiblesse de son systeme financier. Si le fonds investit a l’étranger, c’est parce qu’il n’y arrive pas en Chine. Le systeme bancaire chinois ne réussit pas à allouer correctement le capital, à faire circuler les capitaux. Trop ancien, trop rigide, ce sont souvent les banques occidentales installées là-bas qui font le travail à leur place.
Ainsi, l’économie chinoise n’arrive pas à s’autofinancer, son système financier ne lui suffit pas et elle a donc l’allure d’un géant aux pieds d’argile. Le moindre choc et pouf. C’est pourquoi les dirigeants chinois essaient de ralentir la croissance et de développer le systeme financier. Et ça devrait marcher.
Surcapacité chinoise ?
Avec les JO, la Chine a fait des investissements énormes. Comme tout pays qui a fait de même, elle risque d’avoir un coup du lapin après les JO. Trop de bâtiments vides, des machines inutilisées, il y a surcapacité en Chine, ce qui n’est pas bon. A cela une inflation très importante, rien de bien à l’horizon. Heureusement, la consommation chinoise a beaucoup augmenté ces derniers temps, se substituant en partie à celle des US. Donc l’économie est soutenue par les Chinois.
Mais, si les Etats-Unis, et l’Europe, entrent en récession, peut-être que les capitaux fileront moins vite vers la Chine, d’autant que les investissements seront moins rentables – surinvestissement. Le retrait des capitaux occidentaux investis en Chine pourrait provoquer un terrible repli. L’inverse aussi pourrait entre vrai : les capitaux européens fuyant les pays en récession pour trouver refuge dans une économie en pleine expansion. Et ce sera la fête en Chine.
Bon, pas facile de prédire quoi que ce soit, si ce n’est qu’il faudra suivre avec une grande attention l’évolution des mouvements de capitaux vers la Chine pour savoir dans quel avenir elle s’engage.