Pour Alexandre Romanès
l’exigence de beauté, de poésie va de pair avec la lucidité « Le peuple tsigane, mon peuple, s’est forgé une culture, une esthétique dans le nomadisme sous le soleil, sur des chemins pierreux. loin du confort des villes, mais aujourd’hui nous sommes en perdition car tout est fait pour nous sortir du nomadisme et comme notre culture ne peut vivre dans la sédentarisation, comme toutes les cultures minoritaires, nous sommes condamnés à disparaitre nous aussi »
En poursuivant la lecture de son livre » Les corbeaux sont les gitans du ciel » on comprend que les attaques, persécutions,assassinats subis par son peuple ont des raisons aussi sombres que profondes.Les Tsiganes se sont donné les moyens de réussir l’impossible, soit d’être toujours en mouvement en restant ancrés dans leurs valeurs : amour,respect de l’autre, humain, animal, minéral ou végétal, liberté, solidarité familiale et au delà, courage physique et moral.
Cette culture remet en cause une civilisation qui a perdu sa raison d’être,elle ne peut donc être tolérée. Elle doit être combattue, salie, disqualifiée, méprisée, anéantie.
Ouvrir le livre d’Alexandre est déjà ouvrir une brèche, dans une muraille de dénégation et de mensonge. Qui en dehors des gitans est capable de reconnaitre un arbre au bruit que fait le vent dans son feuillage ?
L’auteur, est écrivain, poète, musicien, il joue du luth baroque et aurait pu faire une grande carrière de soliste. Il a été l’ami d’autres grands poètes ainsi Jean Grosjean, Jean Genet, Jean Marie Kerwitch, Christian Bobin et bien d’autres… Il a beaucoup lu, entre autres les présocratiques, ses souvenirs en portent la marque. Avec des mots très simples il raconte des histoires de vie parfois cruelles, ainsi cette petite fille qui après avoir entendu sa mère en adoration devant son petit frère,dire » je vais te la couper…je vais te la couper » trouve tout naturel de trancher le sexe du bébé à l’aide d’un couteau;ou encore des aphorismes qui ne manquent pas de sel « Ne te moques jamais des riches, ça pourrait t’arriver »
Les textes d’Alexandre ressemblent parfois à des haikus, parfois à de petits films de Buster keaton où l’absurde le dispute avec bonheur à la tendresse.Comment cette simplicité,cet art de s’abandonner à l’instant présent devient pensée, là est sans doute le mystère.Une des pistes possibles pour l’approcher pourrait être de prendre en compte une éducation où la confrontation avec le danger, la peur est abordée de front. Le grand père d’Alexandre a mis son fils dans la cage aux lions à l’âge de 12 ans. Alexandre lui, et ce n’est pas banal, a été initié aux métiers d’acrobate et de dompteur. Ici la sévérité, les coups de fouet sont à la mesure du danger couru.
Tolérer l’à peu près face aux lions ou aux tigres serait exposer ses enfants ou ses proches à une mort probable.
L’adulte qui a vécu son enfance dans un tel contexte sait ce que le mot solidarité veut dire. Malgré toutes les précautions du monde, un accident est toujours possible. Alors celui qui tient la fourche pour empêcher le lion de manger le dompteur est vraiment le bienvenu. Au delà du danger qui sécrète le courage physique, il semble que cette éducation soit aussi celle qui permette de prendre la juste mesure des choses. Ainsi on ne dédaignera pas d’avoir recours à la force physique pour faire face à une agression, mais on saura s’arrêter à temps pour que la chose ne se transforme pas en violence bestiale, en volonté d’écraser l’autre.
Le cirque Romanès est une aventure familiale. Les femmes et les enfants sont beaux, les hommes ont la grâce de ceux qui n’ont pas oublié leur enfance, mais ce cirque c’est aussi le talent , l’énergie phénoménale, l’élégance de Délia, la femme d ‘Alexandre. Elle est poète, chanteuse, administrateur, chargée des relations publiques, manager, mère de famille, femme capable de séduire des pierres sourdes et aveugles. Alexandre lui rend hommage à travers les lignes de son récit avec une pudeur démesurée. Délia lui apporte ce supplément d’âme qui permet à l’homme qu’il est de revendiquer sa liberté et au poète de marcher sur les pentes du ciel sans pour autant risquer de se fracasser. Certes l’auteur qu’il est revendique sa part d’ombre en étant malgré tout conscient que l’écriture d’un livre pourrait la mettre à mal.L’amour de la vie, l’humour le plaisir de la rencontre et la fabuleuse opportunité de rencontrer la culture Tsigane justifient une entreprise qui n’a de cesse que de nous vouloir debout. Merci à la famille Romanès à ses musiciens, acrobates,jongleurs,danseurs,merci à Alexandre et à Délia. pour eux comme pour nous la lucidité n’exclut pas le rêve. Entre les deux il y a seulement le courage de ceux qui savent que préserver tant soit peu cette culture là,c’est donner à chacun gitan ou gadgo, de beaux outils pour vivre plus fort ensemble.
François Bernheim admin
Alexandre Romanès
Les Corbeaux sont les gitans du ciel
éditions L’Archipel
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Cours y vite, cours y vite le cirque est dans le pré !
Cirque Romanès square Parodi, Bd de l’Amiral Bruix Paris 75016
Métro Porte Maillot
Contact : Délia Romanès – cirque.romanes@wanadoo.fr – 06 99 19 49 59
www.cirqueromanes.com
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«Folie Tzigane en Zone Libre! » …. sublime !
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