C'est le plus beau démenti aux lénifiants propos de François Fillon et François Baroin nous expliquant que la perte du Triple A n'est d'aucune importance (le fameux "Nous avions 21 sur 21, nous avons maintenant 20 sur 21"...): Nicolas Sarkozy, depuis Madrid, s'énerve, refuse de répondre aux questions des journalistes et s'agite derrière son pupitre.
Il est un usage régulièrement répété par les présidents de la République et les ministres: ne pas parler de politique intérieure lorsqu'ils sont en déplacement à l'étranger. Invité lundi à Madrid pour y être décoré par le roi d'Espagne et fait chevalier de la Toison d'Or, Nicolas Sarkozy a ensuite donné une conférence de presse. Interrogé sur la dégradation de la note française par l'agence Standard and Poor's, le président a été saisi d'une froide colère. Lundi, une autre agence de notation, Moody's, qui a déjà mis la France sous surveillance négative a précisé qu'elle ne prendrait pas de décision concernant la note française avant avril, donc avant la présidentielle. C'est ce sursis, petit bol d'oxygène, que Nicolas Sarkozy aurait aimé voir souligné.
Las, logiquement, un journaliste de l'agence Reuters a parlé de ce qui était fait et non de ce qui pourrait survenir. Sa question:
"Considérez-vous que la perte du triple A est un échec et que le décrochage par rapport à l'Allemagne va réduire l'influence de la France en Europe ?"
La fureur présidentielle a d'abord visé les journalistes (voir la vidéo). Puis, le chef de l'Etat s'en est pris indirectement à l'opposition, évoquant ses "outrances" et ses "agitations", avant de rappeler que majorité et opposition espagnoles avaient su ensemble adopter la "règle d'or" budgétaire.
Colère, nervosité, mépris de la presse: une nouvelle démonstration des quelques invariants sarkozystes.