A vingt-cinq ans d'écart, les images sont les mêmes. Elles montrent les tentatives désespérées, en 1986 à Tchernobyl et à Fukushima en 2011, d'enrayer la catastrophe nucléaire.
Jeudi, l'exploitant de la centrale de Fukushima a dû faire appel à l'armée et à ses hélicoptères. Objectif: déverser de l'eau sur les réacteurs et les piscines bourrées de combustibles nucléaires. Quatre largages ont été effectués, sans succès. Les canons à eau n'ont pas plus réussi à refroidir les installations. On ignore, à ce stade, les risques pris par ces pilotes d'hélicoptères soumis à des radiations décrites par les autorités comme «très élevées». On ignore tout autant le niveau de protection dont peuvent bénéficier les quelques dizaines d'employés qui continuent à travailler sur le site de Fukushima.
Il y a vingt-cinq ans, c'est également avec des hélicoptères que les autorités soviétiques tentèrent de juguler la catastrophe de Tchernobyl. Il s'agissait là aussi de déverser des produits sur le réacteur en fusion. «Plusieurs pilotes ont traversé le nuage de particules radioactives (...) ils sont tous morts peu après», dit le commentaire en anglais de ces images d'archives.
Des dizaines de milliers d'hommes furent envoyés les jours suivants à l'assaut du réacteur explosé de la centrale de Tchernobyl. Peu ont survécu et les «liquidateurs», leurs cancers, leurs handicaps, leurs indemnisations dérisoires, demeurent encore aujourd'hui l'un des problèmes sociaux et sanitaires les plus douloureux dans l'ex-URSS.
Fukushima n'est pas Tchernobyl : les deux centrales ne sont pas du même type. Les réacteurs n'ont pas – pas encore – explosé à Fukushima. Les informations sont délivrées au compte-gouttes par Tepco, le groupe exploitant la centrale, et les autorités. Mais la catastrophe, selon de nombreux experts, est aussi voire plus grave qu'à Tchernobyl.
Il ne reste qu'à espérer que l'immense gâchis humain commis à Tchernobyl, sur fond d'incompétence, de mensonge et d'inconscience, ne se répète pas. Pour ceux qui douteraient de l'ampleur du désastre humain à Tchernobyl, rappelons la lecture nécessaire de ce livre de Svetlana Alexievitch:
La Supplication (Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalypse)
Editions J'ai Lu.
Et ci-dessous, d'autres images des tentatives toutes vouées à l'échec d'intervention sur la centrale de Tchernobyl.