Plusieurs manifestations ont été durement réprimées, ce samedi, à Moscou. Organisées par les divers groupements d'opposition, elles n'ont pas pu se tenir. Le pouvoir avait déployé dans la capitale russe plus de 7.000 Omons (forces spéciales) assistés d'hélicoptères.
Edouard Limonov, écrivain, ancien président du parti national-bolchévique (interdit) et aujourd'hui rallié à l'opposition démocratique, a été interpellé avec une quinzaine de ses proches. Un autre cortège, conduit par l'opposant et ancien champion du monde d'échecs, Gary Kasparov, a été bloqué. Au total, plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées.
C'est dans ce contexte qu'un rassemblement est prévu ce dimanche, à 15 heures, devant le centre Beaubourg, à Paris. Plusieurs mouvements - Convoi Syndical, FIDH, Assemblée Européenne des Citoyens, CEDETIM, Comité Tchétchénie -, appellent à ce rassemblement de solidarité et de recueillement en hommage à Stanislav Markelov et Anasstasia Babourova, un avocat et une journaliste assassinés à Moscou le 19 janvier.
Dans le communiqué suivant, les organisations détaillent les raisons de cet appel:
«Stanislav Markelov était un des rares avocats défendant les militants des mouvements sociaux, des syndicats et plus généralement des droits de l'Homme en Fédération de Russie. Il ne plaidait pas seulement à Moscou mais n'avait de cesse de se déplacer dans toute la Russie, notamment dans le Caucase et même en Biélorussie, ou à Strasbourg devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme.
Avocat engagé et homme de gauche, il prenait également part aux forums sociaux qu'ils soient russes ou européens. Ses activités dérangeaient beaucoup de personnes. Il avait défendu Anna Politkovskaïa, les victimes du Nord-Ost, celles d'un tabassage policier en Bachkirie. Plus récemment, il défendait un jeune tchétchène accusant Ramzan Kadyrov (Président de la Tchétchénie) d'enlèvement et de torture, le journaliste de Khimki, Mikhaïl Beketov, passé à tabac pour avoir dénoncé l'administration locale, la cause des ouvriers de la papeterie de Vyborg dans leur tentative d'autogestion, des militants antifascistes accusés injustement d'actes terroristes, des habitants de foyers menacés d'expulsion...
Stanislav avait été violemment agressé dans le métro de Moscou en 2004. Suite à des dernières menaces par SMS, beaucoup font le lien entre son assassinat, lundi 19 janvier en plein centre de Moscou, et la libération le 15 janvier, pour bonne conduite, du colonel Boudanov, incarcéré en 2003 pour une peine de 10 ans suite au meurtre d'Elza Koungaieva.
En effet Stanislav sortait d'une conférence de presse où il disait son indignation et sa volonté de poursuivre ce haut militaire accusé d'avoir étranglé de ces propres mains cette jeune Tchétchène lors d'un interrogatoire. Il avait l'intention de faire appel devant la Haute Cour de Justice. Sa connaissance et son engagement pour une paix en Tchétchénie et dans tout le Caucase Nord étaient larges, tout comme son soutien à la lutte contre le fascisme, le racisme et la xénophobie.
Anastassia Babourova était journaliste à Novaïa Gazeta et avait le courage de se saisir du sujet de la Tchétchénie comme l'avait fait auparavant Anna Politkoskaïa. Nastia était une militante libertaire et son engagement se reflétait dans le thèmes de ses articles: la jeunesse informelle et anti-autoritaire, les actions protestataires de rue, la montée du néonazisme en Russie, les affaires judiciaires. Elle est décédée à l'hôpital quelques heures après l'assassinat de Stanislav. C'est en voulant rattraper le meurtrier qu'elle a été abattue.
Nous voulons dire notre soutien à toux ceux qui luttent pour que leurs droits soient défendus et pour qu'une société plus juste voie le jour en Fédération de Russie.»