Nous assistons à une action gouvernementale décomplexée de normativité du vocabulaire et des concepts qu’il convient ou non, au risque du pénal, d’utiliser et d’agencer. En vue, se dessine l’appauvrissement de l’expression et du débat publics, de la langue et, à terme, de la légitimité et, plus tard encore, de la capacité à mener toute réflexion hors du cadre désigné…
Dans le même mouvement, on note le virage égotique marqué de ministres : « Je n’ai pas la main qui tremble » (Ministre de l’Intérieur), « Je ne tolèrerai aucune … » (Ministre de l’Education).
Ceci s’inscrit dans la suite de l’exercice incroyablement abouti de normativité des conduites, intériorisée par chacun, qu’a constitué l’ « Autorisation dérogatoire de déplacement (covid 19) » que nous nous devions d’établir pour le moindre déplacement, qui nous était alors gracieusement octroyé. Probablement, aucun dirigeant n’avait-il contrôlé ainsi, au plus intime, les vies de tant de sujets.
Dorénavant, dois-je tourner ma langue moult fois avant de parler, non pour mieux formuler ma pensée, mais tout simplement de peur de tomber sous le coup de la loi ? Insidieusement, je me « signe » une autorisation dérogatoire d’expression qui sera dûment contrôlée le temps venu.
« Tous derrière, tous derrière, et lui (eux) devant… »