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Billet de blog 10 octobre 2024

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Budget 2025 : l'éducation nationale première victime de l'austérité

Mauvaise nouvelle : l'Education nationale est le ministère qui rend le plus d'emplois en 2025 avec plus de 4000 postes d'enseignants en moins. Et les salaires vont stagner. Bonne nouvelle : la réforme des groupes de niveau est en panne.

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4000 postes d'enseignants supprimés

Illustration 1
Ministère de l'Education nationale rue de Grenelle © François Jarraud

Sans surprise, la publication du projet de loi de finances 2025 annonce une année d'austérité pour l'Etat. Le gouvernement veut réduire son déficit et espère une amélioration de son solde budgétaire de 31 milliards, soit un peu plus d'un point de PIB.

Au chapitre des économies, l'Education nationale tient la première place. Globalement, le budget de l'Education nationale, hors pension, stagne par rapport à 2024 à hauteur de 64.5 milliards.

Mais plus de 4000 postes d'enseignants sont supprimés. Cela touche en premier lieu le premier degré avec 3155 postes supprimés. Le second degré en perd 180. Enfin l'enseignement privé est mis à contribution avec 700 postes en moins.

Une partie des moyens récupérés va servir à augmenter le nombre d'AESH et d'AED. Au final il y aura 2000 postes en moins inscrits au budget de l'Education nationale, soit une centaine de millions économisés.

L'Education nationale est le ministère le plus touché par la cure d'austérité. Le ministère du budget rend 505 postes, l'économie 24 emplois, l'outre mer 35, le Travail 90. Les priorités gouvernementales sont ailleurs. La Défense gagne 630 postes, la Justice 619.

Des conditions de travail dégradées

Pour le ministère, ces suppressions seraient sans effet sur les taux d'encadrement. Le ministère attend 90 000 élèves en moins dans le premier degré à la rentrée 2025 et 10 000 dans le second degré. Il utilise cette baisse future des effectifs élèves pour supprimer des postes.

Une autre utilisation de ces moyens était attendue par les enseignants. Ces postes auraient pu être utilisés pour améliorer l'encadrement des élèves et assurer les remplacements. Le gouvernement n'a pas fait ce choix alors que la situation est déjà très dégradée dans les écoles et les établissements. Dans le second degré par exemple, le nombre d'élèves par classe au collège est passé de 24 à 26 de 2000 à 2022. Au lycée on est passé, en moyenne, de 27 à 30. La France est l'un des pays développés où ces taux sont les plus élevés.

Il n'y aura pas d'augmentation du nombre des personnels qui devraient soutenir la mission d'éducation : infirmières, assistantes sociales, médecins scolaires, professeurs spécialisés. Aucun effort non plus de l'Etat pour adapter les établissements au changement climatique alors que le besoin est criant.

Stagnation des salaires

Pour suivre l'inflation, le budget de l'Education nationale aurait eu besoin d'une hausse de 1.3 milliard à format constant. Concrètement, le budget adopté signifie plus que la fin de la revalorisation. Il n'y aura pas d'augmentation du point fonction publique en 2025. C'est donc une longue période de baisse de pouvoir d'achat qui s'ouvre pour les enseignants.

Pour autant, même avec 2000 suppressions de postes et la stagnation du point FP, la ministre n'est pas sortie d'affaire. Pour répondre à l'évolution naturelle de la masse salariale, compte tenu de l'ancienneté et des promotions des personnels (ce qu'on appelle le glissement vieillesse technicité) il faudrait 500 millions supplémentaires. La suppression de 2000 postes ne va rapporter que 100 millions. Le reste devra être trouvé ailleurs. Le ministère utilise les crédits de formation et le volant de contractuels pour équilibrer son budget.

Le ministère annonce un effort modeste pour les personnels de direction à hauteur de 3 millions. Il maintient aussi les fonds sociaux, qui secourent les élèves les plus en difficulté, au niveau de 2024. C'est à dire que eux aussi ne vont pas suivre l'inflation.

Des réformes en panne

Dans cette situation sera t-il possible de maintenir les réformes ? Le ministère supprime des postes dans un second degré où la baisse des effectifs élèves est nulle à la rentrée 2024 et sera très faible à la rentrée 2025. Alors qu'il n'arrive pas à faire face aux besoins créés par les groupes de niveau en 6ème et 5ème, le budget 2025 rend impossible l'extension des groupes de niveau en 4ème et 3ème.

A Genetet a beau annoncer son intention de mettre en place la réforme de la formation initiale des enseignants. On ne voit pas où elle pourrait dégager les milliers de postes nécessaires. Par contre le ministère communique sur la labellisation des manuels du 1er degré. Il annonce le financement par l'Etat de nouveaux manuels labellisés en CP et CE1 en français, maths et langue vivante à la rentrée 2025. L'opération pourrait lui couter une cinquantaine de millions. Aller au delà du CE1 semble hors de portée. Les collectivités locales, mises à contribution, ne mettront probablement pas la main à la poche pour cette lubie centralisatrice.

François Jarraud

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