Critique des religions ou islamophobie ?
Références des articles critiqués
La LICRA ne croit pas que l'islamophobie soit une forme de racisme, et elle la considère comme une critique, fondée ou non, de la religion musulmane.
C'est le MRAP qui a intégré la lutte contre l'islamophobie dans le combat antiraciste en 2004. Il est nécessaire de rappeler ce qui a été voté :
"Le congrès s'est prononcé sur la question de savoir si l'islamophobie est une nouvelle forme du racisme anti-musulman et par conséquence entrant dans le champ d'activité du MRAP ou est une réalité à simple dimension religieuse ? 131 voix pour l'intervention du mrap ; 83 contre, 46 abstentions.
Compte tenu de cette majorité et comme proposé ci-dessus, le congrès devait se prononcer sur le contenu de l'intervention du mrap, dans le cadre de l'unicité du racisme, du refus de tout hiérarchisation et de tout communautarisme.
A la question : le MRAP doit il poursuivre le combat contre l'islamophobie dans le cadre de la définition légale de la provocation à la haine raciale ? Le vote fut unanime moins 23 abstentions."1
C'est aujourd'hui le CCIF qui porte le combat contre l'islamophobie, dont il donne la définition suivante :
“L’ensemble des actes de discrimination ou de violence contre des institutions ou des individus en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à l’islam”
Cette définition est un calque de la définition générale du racisme et n'a rien à voir avec la défense d'une religion.
Donc, l'islamophobie, telle que définie par le MRAP, puis par le CCIF, est une forme de racisme, comme l'antisémitisme.
Comme ce dernier, il y a effectivement de possibles contestations étymologiques (le sens du mot sémite par exemple) et des risques d'instrumentalisation. La LICRA n'y échappe d'ailleurs pas en jetant le soupçon d'antisémitisme sur le mouvement BDS.
Les exemples donnés par la LICRA relèvent de l'amalgame :
« Non, la fermeture d’une mosquée salafiste n’est pas un acte raciste, pas plus que l’expulsion d’un imam prêchant de violer les lois de la République ou les dispositions prises au titre de l’état d’urgence. »
J'ai cherché à savoir si le CCIF avait communiqué sur la fermeture de mosquées salafistes et je n'ai rien trouvé. Il est possible que certaines personnes aient alors crié à l'islamophobie, comme d'autres crient à l'antisémitisme à la moindre critique de la politique israélienne, mais cela ne discrédite en rien le combat contre ces deux formes de racisme, à la rigueur certains de leurs partisans auto-proclamés.
Fermer une mosquée salafiste, pourquoi pas ? Mais à la condition que les conditions légales soient réunies, qu'il y ait des preuves des infractions (appels au meurtre par exemple) commises, pas une simple note blanche.
La loi garantit la liberté de conscience, et même si je trouve très con d'expliquer que ceux qui écoutent de la musique se retrouveront un jour dans un corps de porc, celui qui raconte ça n'enfreint aucune loi.
La LICRA donne l'exemple du mal-nommé « burkini », qui évoque plus le commandant Cousteau que la burqa afghane.
Oui, on a le droit de considérer librement, dans notre pays, sans pour autant vouloir légiférer sur la taille et la couleur des vêtements, que le burkini est un accoutrement médiéval qui fait régresser les droits des femmes de plusieurs siècles.
Certes, la LICRA n'a pas appelé à l'interdiction de ce vêtement, mais elle ne condamne pas les arrêtés, jugés pour la plupart illégaux, pris par certains maires avec la bénédiction de Manuel Valls. On peut penser ce qu'on veut de cet « accoutrement », mais il n'a rien de médiéval. Dans un certain nombre de pays musulmans, les femmes se baignent toutes habillées.
Celles qui choisissent de se baigner habillées du « très médiéval » lycra ne renoncent à aucun de leurs droits : égalité salariale, liberté de choisir son mari, de travailler ou pas, etc.
Bref, les deux exemples donnés pour justifier la critique des religions (et d'une en particulier) ne sont pas pertinents.
État d'urgence et État de droit.
Implicitement, la LICRA justifie l'état d'urgence. Or, le bilan provisoire qui peut en être fait est accablant. Il a d'abord servi de prétexte à la police pour « taper » des personnes soupçonnées de diverses turpitudes, mais n'ayant aucun rapport avec le terrorisme (trafics divers, etc..). Sans oublier que les dispositions de ce même état d'urgence ont été utilisées contre des militants écologistes.
Le bilan est extrêmement maigre, comparé aux violations des droits fondamentaux opérées. Après 3 mois, Le Monde décomptait cinq procédures pour terrorisme (y compris l'apologie d'actes de terrorisme) déclenchées à l’issue des plus de 3 300 perquisitions administratives et 340 gardes à vue. Soit un « rendement » de 0,15 % !2
Ce qui signifie que beaucoup de perquisitions ont été faites au doigt mouillé, et il serait bon de savoir sur quels critères. Selon le CCIF « Une grande majorité de ceux qui ont été assignés à résidence ou dont le logement a été perquisitionné étaient des français musulmans, typiquement d'origine nord-africaine. Nous avons appris que les fouilles étaient systématiquement conduites de manière brutale avec peu de considération pour les droits des citoyens. Les habitants ont raconté des expériences terrifiantes, traumatisés par l’irruption dans leurs appartements au milieu de la nuit d'hommes masqués et lourdement armés. »
Vrai ou faux, M. Jakubowicz ?
La Ligue des droits de l'homme a également porté un jugement très négatif sur l'état d'urgence.
Journalistes et défenseurs des droits de l'homme qui contestent l'état d'urgence ne le font pas pour récuser la critique d'une religion.
1 http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/4/21/50/60/MRAP/IslamophobieCompterendudebats-et-vote.--Congres-decembre.pdf
2 Un bilan plus récent :
http://www.latribune.fr/economie/france/un-an-apres-le-bilan-mitige-de-l-etat-d-urgence-624593.html