J'avoue très humblement que je ne connaissais pas le journaliste Frédéric Haziza avant ses démêlés avec l'équipe Ayoub, Dieudonné, Soral et Cie.
Beaucoup ont vu dans leurs attaques des présupposés antisémites, notamment à cause des antécédents de certains d'entre eux.
Mais le texte de la pétition est inattaquable devant un juge en application de la loi du 1er juillet 2005.
Pétition adressée à :
Gérard LECLERC, LCP - ASSEMBLÉE NATIONALE
Objet : Demande d'exclusion de Monsieur Haziza
Par son incompétence, son tribalisme, sa partialité, sa totale agressivité et ses multiples provocations contre ceux qui ne sont pas d'accord avec lui sur le plateau de son émission sur LCP ainsi que sur Twitter, nous demandons l'exclusion de Monsieur Haziza pour fautes professionnelles de la chaîne LCP.
Par contre, les termes « incompétence, partialité, totale agressivité, etc.. » peuvent éventuellement être qualifiés d'injures ou diffamation. Je ne prononcerai pas sur les qualités professionnelles de M. Haziza.
Sur la genèse de l'affaire, on peut consulter ces deux articles :
Personnellement, je ne me serais pas « amusé » à polémiquer par Tweets interposés avec Serge Ayoub.
Examinons maintenant les deux reproches « tendancieux » faits à M. Haziza.
il travaille à la fois pour un média communautaire et une chaîne publique
il serait « communautarisé » et ferait du tribalisme.
Doit-on remettre en cause l'existence de médias communautaires (La Croix, Oumma, Radio J, L'Auvergnat de Paris, Beur FM, etc..)
Certes non, il y a de tout parmi eux, des très bons et d'autres qui le sont moins. S'adresser à un public ciblé n'est pas une tare. Sinon, interdisons aussi la « presse féminine », etc..
Doit-on interdire à un journaliste de travailler pour des médias publics et privés ? Qu'en pensent nos éditocrates multi-cartes ?
Le mot tribalisme a été choisi avec soin, de préférence à communautarisme ou clanisme, pour évoquer non pas les querelles yéménites, mais plus vraisemblablement les « 12 tribus ».
Le reproche est le même pour les trois concepts (tribalisme, communautarisme, clanisme) : « mettre les lois du groupe au-dessus de celles qui régissent l'ensemble des citoyens ».
Alors, face à ces dévoiements de vocabulaire, il faut manier le concept de communautarisme avec précaution et ne pas confondre :
- le fait que des membres d'un groupe s'organisent ou tentent d'organiser le groupe pour défendre des intérêts communs (producteurs de lait, originaires des DOM, fidèles d'une religion, citoyens des deux rives, etc.) et/ou pour faire valoir une expression propre sur des sujets généraux.
- l'auto-organisation communautaire : « nos intérêts ne sont bien défendus que par nous-mêmes.1
- l'égoïsme communautaire : « Peu m'importe les autres, seul compte l'intérêt des miens (MEDEF) »
- le communautarisme organisationnel : demander pour le groupe revendiqué un statut particulier, non pas dans l'intérêt général, mais dans celui du seul groupe.
« L'affaire Haziza » doit être l'occasion de nous interroger sur le sens réel de mots trop souvent employés, comme communauté, communautaire, communautarisme.
Ils sont trop souvent employés pour refuser de débattre de situations de discriminations réelles, pour stigmatiser des adversaires politiques, étant entendu que les communautaristes, ce sont les autres, ceux qui revendiquent, jamais ceux qui militent pour le statu quo.
1Y compris par la force, comme le voulait le « Black panthers party ».