Suite de l'analyse du « dossier » de la LICRA.
Après les deux mises en bouche du président et du rédacteur en chef, une longue introduction de Stéphane Nivet répond oui à cette question.
Comme auparavant, les lecteurs du « Droit de vivre » sont priés de le croire sur parole. Donner des références précises ne semble pas être dans les habitudes de la LICRA.
Je précise d'entrée que je ne suis pas membre du PIR, que je n'approuve pas forcément toutes leurs thèses, mais je crois qu'ils « appuient là où ça fait mal » et que tout débat sur ses thèses passe par un minimum d'honnêteté intellectuelle : ne pas tordre le sens des citations, etc.
Commençons par examiner les quatre brèves dans la marge gauche de la page 18, sensées illustrer le propos.
« Deux poids, deux mesures » ?
Dans le sens commun, la rhétorique du « deux poids deux mesures1 » désigne les discours du type : « vous dénoncez les crimes commis par les A contre les B, mais pas l'inverse2. », « vous dénoncez la répression d'État, le racisme contre les X, mais pas celle contre les Y »
Le communiqué du PIR du 14 novembre 20153 dit :
Paris est endeuillé par des attentats d’une violence inouïe ayant fait plus de 120 morts et de nombreux blessés dont certains ont leur pronostic vital engagé. Toutes nos condoléances et notre solidarité vont aux familles des victimes.
Nous sommes bouleversés par ces actes terroristes que rien ne peut justifier mais nous ne sommes pas surpris. Malheureusement, compte-tenu des précédents, les tueries de janvier, celles de Bruxelles et de Toulouse, tous les indicateurs étaient au rouge. La France connaît le retour de flamme d’une politique étrangère belliciste en Libye, au Mali, en Syrie, en Irak… motivée par la stratégie du « choc de civilisations » et son corrélat interne que sont le racisme et l’islamophobie d’État.
Nous dénonçons ceux qui d’ores et déjà cherchent à instrumentaliser cette tragédie dans le sens de politiques répressives à l’encontre des musulmans, des réfugiés et de l’ensemble des foyers de résistances des quartiers populaires.
Certains trouveront là l’occasion de faire taire toute opposition à ces politiques dans une nouvelle « Union sacrée ». Nous n’emprunterons pas cette voie car cela ne ferait que creuser les fractures et aggraver les tensions en lieu et place d’une mobilisation la plus large pour éviter que ces tragédies ne se reproduisent.
Le PIR
Cela n'a aucun rapport un discours du type « deux poids, deux mesures ».
L'essentialisme est-il un racisme pudique ?
La phrase citée est extraite de l'introduction à une long article d'un membre du PIR, pas d'un communiqué officiel4.
Il peut se résumer à « s'assumer tel qu'on est », mais rien ne permet de penser qu'il s'agit d'une forme de racisme.
Apologie du terrorisme.
Je citerai deux textes :
Le soutien du FUIQP5 à Aya Ramadan, qui rappelle que « Toute l’histoire des luttes anti-coloniales démontre que le recours à la violence par les colonisés n’est que le résultat de la violence du dominant. » 6
et ce texte récent de soutien au soldat israélien qui a assassiné de sang froid un Palestinien et vient d'être condamné.
« Ce qui est en jeu dans l’affaire du soldat de Hébron n’est pas seulement la question de savoir s’il a agi conformément aux ordres de ses supérieurs, au code éthique de Tsahal ou au droit international. La question beaucoup plus importante, voire cruciale, qui se pose aujourd’hui est de savoir si l’Etat juif saura préserver ce qui donne à ses soldats la force de se battre contre des ennemis toujours plus cruels et déterminés : à savoir la conscience que notre guerre est juste.7 »
Il est publié sur le site de la LDJ (Ligue de défense juive, groupement de fait). La dite LDJ est évoquée en passant par le LICRA, qui parle simplement de dérapage, de discours vindicatif et anti - maghrébin paranoïde, pas de racisme et de culte de la violence.
« Deux poids, deux mesures » ?
Wiam Berhouma.
Dans sa présentation (page 18) :
Le 21 janvier 2016, dans « Des paroles et des actes », une jeune femme, présentée par David Pujadas comme « une enseignante musulmane affiliée à aucun parti », interpelle Alain Finkielkraut et Daniel Cohn-Bendit. Wiam Berhouma est en réalité une militante très proche des « Indigènes ».
la LICRA parle d'entrisme. Voyons d'abord ce que ce mot signifie et ensuite quels sont les faits.
La définition qu'en donne le Larousse est claire :
« Tactique adoptée par certaines organisations (syndicat, partis politique) et visant à faire entrer dans une autre organisation certains de leur membre en vue d'en modifier la pratique ou les objectifs. ».
Une personne seule ne peut pas faire d'entrisme. A la rigueur, elle peut jouer un rôle de taupe. Et une émission télévisée, même si elle parle de politique, n'est pas une organisation.
Zéro pointé pour la maîtrise de la langue française. Si la LICRA veut un exemple d'entrisme, elle peut acheter (1,99 €) et lire l'ouvrage de Christophe Bourseiller « Cet étrange Monsieur Blondel »
Les faits :
Wiam Berhouma a commis une sorte de blasphème, non pas contre une religion historique, mais contre cette religion-zombie qu'est la combinaison du national-républicanisme et du national-laïcisme, avec ses prêtres (Caroline Fourest, Alain Finkielkraut, BHL, etc.). Elle a demandé à l'académicien-philosophe de faire ce qu'il ordonne à ses contradicteurs : se taire.
C'est Marianne et la fachosphère qui lui ont collé cette étiquette « Indigènes » pour discréditer son attitude. La LICRA embraye.
Elle s'est expliquée (et a démenti) :
https://www.zamanfrance.fr/article/qui-veut-peau-wiam-berhouma-19866.html
Avec ces précisions factuelles de la rédaction :
Mise à jour du 29 janvier 2015 à 17h38 :
Wiam Berhouma n'est pas membre du Mafed ("Marche des femmes pour la dignité"), un collectif féministe créée à l'occasion de la marche de la dignité. Elle n'a participé à aucune réunion de ce collectif. Le PIR a ensuite repris la liste des signataires sur leur site.
Wiam Berhouma était inscrite sur la Liste d'union citoyenne, qui accueillait des citoyens non-encartés, qui s'est présentée en Ile-de-France lors des élections régionales. Elle occupait la 18ème place pour la section électorale du Val-de-Marne8.
Quant à la MAFED (Marche des femmes pour la dignité), ce n'est pas le PIR qui en est à l'origine, même s'il a soutenu l'initiative.
1 http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/faire-deux-poids-deux-mesures/
et aussi :
« Nous avons deux poids et deux mesures : nous approuvons, pour une idée, un système, un intérêt, un homme, ce que nous blâmons pour une autre idée, un autre système, un autre intérêt, un autre homme. »
Chateaubriand - Mémoires d'outre-tombe
http://www.expressio.fr/expressions/avoir-deux-poids-et-deux-mesures.php
2 Au choix : Israéliens/Palestiniens, gouvernement/rebelles Syriens, rebelles pro-Russes/gouvernementaux Ukrainiens, etc.
3 http://indigenes-republique.fr/attentats-de-paris-communique-du-pir/
4 http://indigenes-republique.fr/faire-vivre-son-essence/
5 Qui a curieusement échappé à la vindicte de la LICRA.
6 http://www.ism-france.org/communiques/Communique-du-FUIQP-n-2-Soutien-total-a-Aya-Ramadan-article-20016
7 http://www.liguedefensejuive.com/apres-la-condamnation-du-soldat-elor-azaria-quelle-morale-pour-tsahal-et-pour-israel-2017-01-05.html
8 https://94.citoyens.com/2015/regionales-ile-de-france-liste-dunion-citoyenne-en-val-de-marne,12-11-2015.html